La maîtrise des micro-organismes constitue l’essence même de la réaction qui produit de l’énergie au moyen de la dégradation de matière organique par des bactéries. Pourtant, l’hygiénisation des produits entrants et sortants du digesteur est très peu développée aujourd’hui.
Parfois obligatoire
Lors d’un webinaire de l’association Méthatlantique, Adeline Haumont, chargée de projet pour l’association Aile (1), rappelle que « la règle de base au niveau européen est d’hygiéniser tous les sous-produits en amont, y compris les déjections animales ». Un certain nombre de dérogations existent mais l’hygiénisation peut s’avérer obligatoire, par exemple si les effluents proviennent de plus d’une dizaine d’exploitations. La diversité des élevages et le contexte sanitaire local peuvent faire varier ce chiffre. Pour d’autres intrants, cette étape est toujours obligatoire. C’est le cas des déchets de cuisine et de table, qui peuvent constituer un gisement méthanisable important. Les exceptions réglementaires sont nombreuses. La technique offre néanmoins la possibilité d’un plus grand nombre d’intrants et d’une meilleure intégration dans l’économie circulaire du territoire. Le potentiel méthanisable de la matière pourrait, par ailleurs, mieux s’exprimer à la suite de son hygiénisation.
Concernant l’aval, il peut être obligatoire d’hygiéniser son digestat avant épandage, notamment dans un contexte sanitaire local particulier. L’agrément de fabrication d’engrais organiques implique de procéder à cette étape avant de vendre du digestat transformé.
Deux principales voies
Il existe aujourd’hui deux principales technologies d’hygiénisation : celle par batch et celle par échangeur. La première a lieu dans une cuve à double paroi, parcourue de tuyaux d’eau chaude, en contact ponctuel avec l’enveloppe interne. La matière y est agitée et maintenue à 70 degrés pendant une heure avant d’être contrôlée et exportée. La méthode par échangeur repose sur un parcours de la matière dans un double tube, avec la matière dans le tube interne et de l’eau chaude en externe. Jérôme Bécot, chargé de développement méthanisation, précise qu’un système n’est pas mieux que l’autre, mais que le plus adapté dépend de l’installation (budget, espace disponible, disponibilité énergétique…).
Le traitement de la matière, qu’il soit en amont, en aval ou les deux, limite les problèmes sanitaires, et peut réduire celui des nuisances olfactives et des relations avec le voisinage.
G. Baron
(1) Association d’initiatives locales pour l’énergie.