ÀChannay, en zone intermédiaire à très faible potentiel agronomique, la SCEA de Bel Air cultive des grandes cultures sur 1 100 ha. Outre la vente de foin de luzerne et de paille, elle produit depuis 2007 de l’électricité photovoltaïque sur 1 800 m2 de ses toits. Sur les sols caillouteux et séchants de l’exploitation, ces activités ne suffisent plus à assurer aux quatre associés une visibilité économique. D’où l’idée d’explorer un peu plus les perspectives que peuvent offrir les énergies renouvelables.

 

Les supports métalliques des panneaux sont solidement ancrés dans le terrain à une profondeur de 2,50 m. La garde au sol des modules est de 0,80 m et la hauteur de 3 m. © A. Brehier
Les supports métalliques des panneaux sont solidement ancrés dans le terrain à une profondeur de 2,50 m. La garde au sol des modules est de 0,80 m et la hauteur de 3 m. © A. Brehier

Deux faces orientées est-ouest

En partenariat avec TotalEnergies, 684 panneaux photovoltaïques verticaux ont été installés sur une parcelle de 4,6 ha représentative des terrains de la ferme. Capables de produire des deux côtés, ils ont été orientés est-ouest pour que leur activité corresponde au mieux aux pics de consommation de l’électricité. Leur emprise au sol se limite à 0,82 ha, ce qui laisse un maximum de surface disponible pour la production agricole.

 

« Dans le projet, l’activité agricole est priorisée, souligne Jean-Philippe Delacre, l’un des quatre associés de la SCEA de Bel Air. Il va falloir apprendre à cultiver entre les panneaux. » © A. Brehier
« Dans le projet, l’activité agricole est priorisée, souligne Jean-Philippe Delacre, l’un des quatre associés de la SCEA de Bel Air. Il va falloir apprendre à cultiver entre les panneaux. » © A. Brehier

Entre les 14 rangées de panneaux, 13 bandes de 12 m de largeur ont été organisées afin que les agriculteurs puissent circuler avec leurs outils (semis, désherbage mécanique des cultures…). Les cultures - céréales à paille, luzerne, lentilles et lavandin - ont été choisies d’abord en fonction de leur hauteur. Il n’y aura ni tournesol, ni maïs entre les panneaux. Sous chaque rangée, un géotextile de 1 m de large a été déroulé pour éviter d’avoir à désherber. Des bandes enherbées à croissance limitée, réservoirs d’auxiliaires, ainsi que des bandes témoins en plein champ seront implantées.

 

La largeur disponible pour les cultures entre chaque rangée de panneaux est de 12 m. © A. Brehier
La largeur disponible pour les cultures entre chaque rangée de panneaux est de 12 m. © A. Brehier

Priorité aux cultures

Inauguré le 21 octobre, le démonstrateur doit démontrer la compatibilité entre une activité agricole et la production d’électricité. Les synergies potentielles, telles que la protection des cultures contre le vent, le gel, voire les ensoleillements violents, seront mesurées dans le cadre d’un suivi réalisé par la coopérative Dijon Céréales, la chambre départementale d’agriculture, Agrosolutions et AgrOnov. « Les panneaux agiront-ils comme un micro-climat bénéfique, avec un effet similaire à celui des haies coupe-vent ?, s’interroge Jean-Philippe Delacre, l’un des agriculteurs. Sur le plateau de Langres, très venté, nous n’avons aucune capacité à absorber les accidents climatiques désormais récurrents. »

Après deux mois de construction, le chantier s’est terminé mi-octobre. Les onduleurs ont été posés, les panneaux câblés et reliés au réseau électrique, la bâche à incendie gonflée. © Redfox
Après deux mois de construction, le chantier s’est terminé mi-octobre. Les onduleurs ont été posés, les panneaux câblés et reliés au réseau électrique, la bâche à incendie gonflée. © Redfox

 

Un suivi environnemental (évolution de la qualité des sols et de la biodiversité) sera également assuré par les équipes R&D de TotalEnergies. À cet effet, la parcelle a été équipée d’une station météo et de différents capteurs (température, irradiance...). L’albédo, le pouvoir réfléchissant de chaque culture, sera mesuré. « Il s’agit de valider et d’optimiser les choix technologiques ainsi que les pratiques, pointe Sophie Hargé, chef de projet chez TotalEnergies, avant de déployer ce type de centrale à plus grande échelle. »

Anne Brehier

 

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