Julien Senez, agriculteur dans l’Oise sur 190 hectares, est un touche-à-tout. En plus de son exploitation céréalière, il a développé plusieurs activités en parallèle. Converti et pleinement convaincu de l’agriculture de conservation des sol (ACS), il réalise, au travers de la société KiwiAgronomy, des formations sur ce thème pour aider les agriculteurs dans leurs transitions (lire l’encadré). Julien a également mis en place un centre de reconditionnement de semoirs d’occasion. Son principe est d’importer des machines à dents de type CO ou Sprinter de chez Horsch depuis l’étranger, de les restaurer si besoin, mais surtout de les adapter au semis direct (SD).

Des machines importées
« À l’origine, ce ne sont pas des semoirs développés pour le SD. Ils sont munis de socs trop gros », explique Julien. Pour transformer des engins de techniques culturales simplifiées (TCS) en semoirs de semis direct, tous les socs sont changés. Les machines sont rééquipées avec des modèles plus fins, afin de perturber le moins de terre possible. Cependant, « même en pointes fines, il faut se limiter à une vitesse de travail de 6 km/h et pas plus de 2 cm de profondeur », précise l’agriculteur.

Pour trouver ses semoirs, Julien regarde surtout de l’autre côté de la Manche « Une grande partie des machines viennent d’Angleterre. Il y en a vraiment beaucoup sur le marché. Malheureusement, le Brexit complexifie un peu les choses », regrette-t-il. D’autres sont importées du Danemark, de la République tchèque ou d’Allemagne de l’Est.
« Dans mes recherches, je me focalise sur les Sprinter et les CO, leurs ancêtres. Ce sont des semoirs simples, rustiques et costauds. » Le centre propose majoritairement des modèles de 4, 6 et 8 mètres de large. « Les machines de 8 mètres affichent le prix au mètre le plus intéressant », explique Julien. D’autres modèles sont aussi disponibles. Aujourd’hui, Horsch propose les Sprinter de 3 à 12 mètres de largeur.

Rénover en plus d’adapter
Avant l’achat, les semoirs sont, si possible, audités sur place. « Maintenant, je dispose d’un réseau, poursuit l’agriculteur. J’ai, en effet, deux à trois propositions de machines par jour. » Une fois rapatriés en France, les semoirs passent par un atelier, où ils sont en grande partie démontés et vérifiés. « Les roulements des rouleaux à pneus sont bien souvent changés, ajoute-t-il. Quant au reste, les châssis sont très solides et les problèmes sont rares. »

Puis, les semoirs sont équipés avec l’une des pointes commercialisées par Julien. Deux marques sont disponibles, les Metcalfe de 12 mm – les plus fines – et les Dutch Opener de 19 mm. Pour chacune, plusieurs versions sont possibles, avec des solutions pour la fertilisation liquide et solide. Des socs plus larges sont également proposés, ils peuvent servir en alternance avec les pointes fines. Une fois terminées, les machines sont commercialisées autour de 3 000 à 6 000 euros du mètre. En 2020, quarante semoirs sont sortis des ateliers. « J’en ai déjà réalisé autant depuis début 2021 », s’étonne Julien lui-même.

Ajout d’une fertilisation
En plus de l’adaptation au semis direct, la société KiwiAgronomy propose l’ajout d’une fertilisation liquide sur les semoirs. « Soit je récupère un modèle doté d’une cuve d’usine, soit je propose une cuve frontale de 1 500 litres, explique l’agriculteur. J’évite d’ajouter des modules supplémentaires sur les châssis, pour ne pas fragiliser la machine et surtout ne pas perdre son homologation. »

Un réseau de tuyaux est ensuite posé sur le semoir, avec des descentes qui incorporent le produit sur les rangs, au niveau des socs. « Pour les modèles équipés d’une double cuve de produits solides, un soc équipé de deux embouts est proposé », ajoute-t-il. Les deux produits sont cependant placés au même endroit. « Chez moi, je sème tout dans le rang et tout à deux centimètres », argumente l’agriculteur, premier consommateur de ses produits.
Pierre Peeters
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