Au Gaec de Brandéha, à Allaire (Morbihan), les prairies constituent un point essentiel du système de production. « Nous produisons 420 000 l de lait bio par an, ainsi que de la viande, explique Hervé Guillemot. L’herbe représente plus de 80 % des 180 ha de notre surface agricole. » Avec ses associés, Christian, Christophe et Sébastien, ils emploient leur herse étrille pour l’entretien des pâtures. « Le contrôleur laitier nous a suggéré cette idée, précise l’éleveur. Nous utilisons ce matériel depuis plus de quinze ans pour le désherbage mécanique, sur maïs et blé notamment. Ce soin aux prairies est un moyen supplémentaire de le valoriser. »
Désherbage et fertilité
Cette année, l’excès d’eau, en automne et en hiver, a mis à mal des prairies. « Sur certaines parcelles, les mousses se sont particulièrement développées et elles étouffaient la surface. Nous observons cela sur les prairies pâturées mais pas sur celles qui sont fauchées. C’est sans doute un excès de matière organique qui acidifie la surface. Les mousses se développent et amplifient ce phénomène. La reprise de végétation semblait donc compliquée, continue Hervé. Il s’agit, ici, de griffer le sol suffisamment pour arracher le maximum de mousses, tout en épargnant les espèces prairiales. Je surveille en permanence ce qu’il se passe derrière. J’ai constamment la main sur le distributeur. »
L’outil, fabriqué par Einböck, est en effet équipé de vérins hydrauliques pour gérer l’agressivité du travail exécuté en temps réel. « Le risque, en plus d’arracher les espèces qui nous intéressent, c’est d’user rapidement le matériel, qui n’est pas conçu pour cela à la base. Nous nous servons de dents de 8 mm de diamètre. Cela nous a paru être le bon compromis entre le désherbage du maïs, qui demande des dents plutôt fines, et l’usage sur prairie, pour lequel des dents de 9 ou 10 mm seraient probablement plus adaptées », résume l’éleveur.
La question de l’usure de la herse étrille a d’ailleurs été débattue au sein du Gaec. « En faisant attention, nous limitons ce problème, et le bénéfice apporté à nos prairies en vaut la chandelle, c’est tout de même notre culture principale. »
En plus de la lutte contre les adventices, la pratique présente un intérêt pour la fertilité du sol. « Grâce à ce décroûtage, ce dernier est oxygéné, la vie du sol s’en trouve boostée et la minéralisation peut s’effectuer dans les meilleures conditions. Cet aspect est loin d’être négligeable dans un système en agriculture bio. Nous constatons un impact réellement positif, un passage sur une prairie affaiblie améliore significativement la production fourragère. Mais il faut trouver la bonne fenêtre de tir, souligne Hervé. L’idéal est après un premier pâturage, quand la végétation est rase. De plus, la parcelle doit être ressuyée, et des températures supérieures à 15 °C prévues dans les jours suivants. »
Quatre hectares par heure
Le débit de chantier offert par les 9 m de largeur de l’engin est intéressant. Le travail se réalise à une vitesse comprise entre 12 et 15 km/h, selon l’agressivité. Cette vitesse élevée est indispensable pour que les dents vibrent correctement et pour obtenir une efficacité de passage optimale. L’agriculteur précise : « Dans les zones les plus touchées par la mousse, nous passons deux fois sur la bande, mais nous conservons malgré tout un débit de chantier d’environ 4 ha par heure. Cela ne nécessite pas une puissance élevée, 90 ch suffisent amplement avec notre matériel. »
Le passage de la herse étrille se distingue bien à l’œil nu. De loin, la végétation semble plus aérée. De près, les mousses sont arrachées et la surface est décroûtée.
Gildas Baron




