Répandue en Suède, beaucoup moins en France, l’incorporation de conservateurs dans le fourrage impose la modification de la machine de récolte. C’est le cas de l’entreprise qui intervient sur les terres du domaine de Wanas, à Knislinge, dans le sud de la Suède.

Pour le manager de la ferme, Per-Ake Nilsson, cette pratique participe à le rendre à 93 % autonome pour l’aliment des 450 laitières. « Deux ans après mon arrivée en 1997, j’ai passé les 1050 ha de la ferme, dont 185 ha d’herbe, en bio. J’ai immédiatement introduit la pratique de l’incorporation dans les fourrages. Aujourd’hui, l’ETA qui réalise les quatre fauches saisonnières utilise une ensileuse qu’elle a modifiée. »

En effet, c’est l’un des chauffeurs, David, qui a lui-même adapté la Jaguar 950. À commencer par le réservoir en Inox de 500 litres placé à l’arrière. « J’ai aussi installé la pompe électrique et le circuit Clipton dans la machine de récolte, jusqu’à l’injection du produit de conservation ProMyr. Celle-ci a lieu directement dans la phase d’accélération. » Une électrovanne contrôle l’activité des deux buses, et la dose est modulée. Entre trois et six litres par tonne sont pulvérisés sur l’herbe ensilée.

Réglage manuel

C’est le chauffeur qui contrôle le débit en cabine à l’aide d’un boîtier. « Nous augmentons la dose si l’andain à ensiler est épais et si la quantité de trèfle est importante », commente David. Per-Ake confirme, de son côté, qu’« il faut mettre assez d’additifs pour qu’une bonne conservation du fourrage soit au rendez-vous. »

L’ETA a aussi installé une dérivation avec un flotteur visible depuis le poste de conduite de l’ensileuse. Ce circuit est placé à l’avant droit de la cabine. S’il existe ailleurs des systèmes de régulation automatisés, ici, un simple contrôle visuel informe du débit appliqué. Seule l’injection démarre automatiquement, lorsque le pick-up est abaissé.

De son côté, la ferme met à disposition de l’ETA quatre palox de produits installés et surélevés sur une petite remorque. L’entreprise peut ainsi réaliser le plein d’additif dans le réservoir arrière de l’ensileuse. Cela permet alors d’assurer environ 8 remplissages de bennes.

Cette station mobile d’additif nécessite l’utilisation d’équipement de protection, notamment un masque et des gants. En effet, le produit irritant pour la peau et les muqueuses, les vapeurs potentiellement toxiques et l’odeur forte de l’acide formique rendent l’équipement obligatoire.

10 euros par tonne

Si Per-Ake ne souhaite pas que l’entreprise lésine sur le produit, celui-ci coûte tout de même environ10 €/t de fourrage vert. En parallèle, il dit évaluer son coût de production à environ 30 centimes d’euros par litre de lait. Côté entrepreneur, le système Clipton et la fabrication du réservoir ont représenté un investissement de 3 500 €. « 80 % des éleveurs chez qui j’interviens utilisent les additifs acides », commente David, qui lui aussi ne risque pas de faire machine arrière.

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