« J’andaine avantrécolte mon colza et mescultures porte-graines »
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Depuis l’an dernier, Christophe Girard a recours à cette pratique redécouverte. Pour l’exploitant, le séchage et la récolte sont ainsi facilités.
«Le développement de l’agriculture bio et des cultures associées, qui amènent du vert dans le colza, la nécessité de réduire le recours aux produits phytos (1) redonnent de l’intérêt à l’andainage avant récolte », estime Christophe Girard, à Til-Châtel en Côte-d’Or. Sur ses 700 hectares, l’agriculteur produit 70 ha de colza. Le reste est cultivé en blé et porte-graines bio : petit épeautre, sarrasin, trèfle blanc, avoine brésilienne.
Très utilisée dans les années 1970, la pratique de l’andainage était tombée en désuétude. La mise au point de machines spécifiques la remet au goût du jour. « Cet outil est indispensable pour faire sécher et récolter dans de bonnes conditions les cultures de semences conduites en bio », estime Christophe Girard. Sur le colza cultivé en association avec du sainfoin et du trèfle blanc, ou en présence de mauvaises herbes, cette technique est également avantageuse. « Les graines de légumineuses ou d’adventices sèchent avant moisson. Le triage est meilleur. Le grain est plus homogène en maturité, plus propre et plus sec. Les tiges sèches passent mieux dans la moissonneuse-batteuse. La récolte est ainsi facilitée et accélérée. »
Couper hautet au bon stade
Andainer prématurément le colza, quand les premiers grains commencent à rougir, contribue à réduire l’égrainage. Le colza devient plus résistant si un coup de grêle ou de vent survient. Attention toutefois à intervenir au bon stade, dès que les graines brunissent en haut des cultures (25 à 35 % d’humidité). « Si on attend trop longtemps, avertit l’agriculteur, on obtient le résultat inverse : on égraine et on perd beaucoup de grains. » Couper haut (40 cm) est également indispensable pour réussir un bon andainage. « Il faut que les siliques reposant sur les tiges soient correctement ventilées. »
Autre avantage de cette technique : elle procure un gain de temps à la récolte, favorable à l’implantation des couverts. « En 2019, pointe Christophe Girard, notre colza a été andainé le 25 juin et rentré le 1er juillet, quand nos collègues attaquaient la récolte. C’est autant de jours supplémentaires pour la pousse des légumineuses, qui prennent le relais du colza, et se développent pour faire un couvert pour le blé suivant. C’est un facteur important dans un climat de plus en plus sec. »
(1) Interdiction du Réglone, un défanant utilisé pour dessécher les légumineuses avant moisson.

« Très pratiqué dans les années 1970, l’andainage avait été délaissé avec le développement de machines de récolte de plus en plus grosses », rappelle Jean-Louis Lucas, de Terres Inovia. L’arrivée sur le marché d’andaineuses adaptées redonne de l’intérêt à cette pratique dans des situations de récolte difficiles :
- quand il y a un important problème de salissement de la culture. La présence de vert et d’impuretés liée aux mauvaises herbes ou aux cultures associées complique le tri, génère des pertes de graines, et peut entraîner le rejet de la récolte ou l’application de réfactions ;
- dans les régions ventées. Une récolte andainée supporte mieux les intempéries ;
- sur des parcelles très hétérogènes en maturité. Des situations de plus en plus courantes dans le nouveau contexte climatique (multiplication des levées de colza).