Expérimentations
Cive d’hiver : réfléchir à ce qui suit
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Un essai dans la Marne a étudié la réponse de plusieurs espèces implantées après une culture intermédiaire à valorisation energétique (Cive) longue.
Quelle culture implanter après une Cive longue ? C’est pour répondre à cette question que Terrasolis, association basée dans la Marne, a mis en place une vitrine de cultures semées mi-mai 2019. Elles ont succédé à un couvert de blé, récolté le 11 mai en immature, au stade épiaison. L’idée est de récolter la Cive assez tardivement, pour optimiser le rendement en biomasse sans pénaliser la suite de la rotation.
« Nous avons implanté deux types de cultures, explique Gaël Ponsardin, responsable agronomie et performance des systèmes de Terrasolis. Le premier regroupe l’orge de printemps, l’avoine, le seigle, le tournesol, le maïs, la betterave et le sorgho, destinés à être récoltés en culture principale, grain ou racine. Le deuxième ensemble concerne des espèces à usage non alimentaire, à savoir le moha, le sorgho, un mélange moha-tournesol, et un sorgho-tournesol. » Les spécialiste estime que, malgré des conditions météo peu favorables, les résultats ont été bons.
La gestion de l’eau en question
« Nous n’avons pas fait de bilan hydrique pour cet essai, mais la gestion de l’eau est une vraie question sur ces systèmes », note Gaël Ponsardin. L’intégration d’une Cive signifie, en effet, trois récoltes en deux ans, ce qui est exigeant sur la ressource hydrique. « Toutefois, en 2019, alors que nous n’avons pas eu de précipitations entre le 15 juin et le 25 septembre, nous avons été agréablement surpris en maïs et en sorgho grain », confie le spécialiste (voir photo).
Les pluies de mai et juin ont été bénéfiques en début de cycle. Le sol de craie a également une bonne réserve hydrique globale et souffre moins vite que des argilo-calcaires superficiels. Les betteraves mixtes et fourragères ont été légèrement pénalisées, avec 45 t/ha et 50 t/ha, à 16,2°s et 16,5°s de richesse, contre une moyenne de 72 t/ha à 16° pour le reste de la ferme. Le tournesol se situe dans un entre-deux, avec 25 q/ha. Pour la suite des expérimentations, Terrasolis devrait implanter des sondes tensiométriques, afin de suivre l’état hydrique des parcelles. L’irrigation étant impossible dans la région, l’association indique que les réflexions s’orientent vers l’utilisation d’espèces et de variétés résistantes au manque d’eau.
« Les cultures à ensiler ont également donné de bons résultats, ajoute Gaël Ponsardin. L’implantation d’une céréale d’hiver à la suite est possible. » Le spécialiste souligne, par ailleurs, qu’un travail du sol semble préférable pour une bonne implantation.
Quant à la question de l’exportation de carbone, Arvalis-Institut du végétal affirme, d’après deux essais, que « les Cive remplissent leur rôle de couvert au même titre qu’une Cipan (1), tout en retournant au sol plus de carbone ». En plus de la biomasse aérienne restituée au sol, leur système racinaire développé du fait de leur cycle long est bénéfique pour l’état organique des sols.
(1) Culture intermédiaire piège à nitrates.
Terrasolis mène actuellement d’autres essais, qui ont en commun le même objectif : affiner les connaissances pour optimiser la biomasse aérienne produite en interculture. L’association teste le semis précoce d’une Cive courte - au lendemain de la moisson d’une orge d’hiver -, le semis à la volée d’une Cive dans une orge d’hiver toujours en place, ou encore la double récolte sur une même culture. Il s’agit d’ensiler une céréale d’hiver au printemps, puis de la laisser repartir et de la moissonner en été. Le relay-cropping est également évalué (céréale d’hiver puis tournesol, maïs, betterave ou sorgho).
(1) Le relay-cropping permet de faire deux cultures en un an, en semant la culture d’été dans la céréale.
Les Cive d’hiver (ou longues) sont semées à la fin de l’été et récoltées en début de printemps.
Les Cive d’été (courtes) sont implantées en été jusqu’à l’automne.