Ce mardi 24 janvier 2023, 250 agriculteurs avec quelque 80 tracteurs, soutenus par de nombreux élus ont manifesté dans le calme devant la préfecture de Périgueux (Dordogne). Ils répondaient à l’appel des quatre syndicats agricoles, unis pour la première fois depuis bien longtemps. Ils réclament des aides exceptionnelles à hauteur des pertes subies dans les exploitations victimes de la grêle et la venue du ministre de l’Agriculture.

Dans la nuit du 20 juin au 21 juin 2022, un violent orage de grêle s’est abattu sur le Ribéracois, dans l’ouest de la Dordogne. Plus de 12 500 hectares de cultures ont été anéantis, ce qui représente 25 millions d’euros de pertes. 263 exploitants ont fait appel à la cellule de crise mise en place par la chambre d’agriculture. "Le total des aides publiques ne couvre que 13 % du montant estimé des dégâts, souligne Clément Courteix, représentant de JA et sinistré. Certains ont tout perdu."

Agriculteur et maire, en première ligne

Au titre du fonds d’urgence mis en place en août, 189 exploitants agricoles périgourdins ont bénéficié de 1,74 million d’euros d’aides, soit 9200 euros par exploitation en moyenne. Insuffisant pour les sinistrés comme Patrick Lachaud, maire de Villetoureix et exploitant en polyculture-élevage. "Le 20 juin dernier, c’est simple, nous étions à la veille de récolter, se souvient-il. J’ai perdu 90 % de mes récoltes. L’ensemble de mes bâtiments, y compris d’élevage, ont pris. Mon exploitation est située sur 4 communes dont 3 sinistrées. Je n’étais pas assuré pour les récoltes, j’ai perdu 85 % de mon chiffre d’affaires, soit 280 000 € au moment de l’orage."

© C.-H. Yvard - "L’État doit faire davantage pour les agriculteurs victimes de la grêle comme il l'a fait pour d’autres professions", estime Patrick Lachaud, maire de Villetoureix et agriculteur.

"J’ai pu réinvestir et ressemer du maïs, ce qui ramène les pertes à 230 000 €, estime Patrick Lachaud. En trésorerie, j’ai touché 12 000 euros de l’État, j’attends 500 euros de la Région et 1500 euros du département. Je réfléchis à décapitaliser, à licencier mon salarié. En tant qu’élu, je suis au cœur du sujet au quotidien ; il y a 6 agriculteurs sur ma commune. Je redoute la disparition de certaines exploitations et des drames humains. Face à une situation exceptionnelle, l’État doit faire davantage comme il l'a fait pour d’autres professions. Notre agriculture est en danger."

Devant un monticule impressionnant de pneus et de déchets, les syndicats agricoles ont évoqué des avancées, à la suite de leur rencontre avec le préfet : "Nous avons le soutien de la préfecture pour faire venir le ministre sur place, explique Clément Courteix. Nous avons eu quelques engagements pour améliorer la situation et pérenniser nos fermes : dégrèvement de la TFNB à hauteur de 30 %, pour les terres non labourables, l’espoir d’obtenir un abondement du fonds d’urgence." Les syndicats demandent aussi l’application anticipée du fonds de solidarité national (FSN), mis en place cette année.