« Il y a cinq ans, il y avait 245 brasseries en France, aujourd’hui, il y en a 1 600 », rappelle en préambule Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France.
À côté des très gros acteurs traditionnels, comme Kronenbourg et Heineken et les brasseries du nord de la France, une myriade de brasseries artisanales ont ainsi vu le jour sur l’ensemble du territoire, y compris dans des régions où la culture de l’orge brassicole, ingrédient de base du malt, n’est pas très répandue.
« Sur la carte de France, on a des zones historiques de production d’orge qui sont le Grand-Est, l’Île-de-France, une partie des Hauts-de-France, le Gâtinais, le Loiret, bref, au-dessus de la Loire », résume M. Costilhes.
La France, premier exportateur mondial de malt, n’a aucun mal à fournir l’ensemble des brasseurs en orge « made in France », mais les petits brasseurs, notamment, « sont à la recherche de proximité », et souhaitent réimplanter l’orge dans des zones qui n’en faisaient plus, comme la Bretagne, le Sud-Ouest, l’Alsace ou la Région Paca.
Des tests sont réalisés à différentes échelles dans ces régions, « c’est en cours », assure M. Costilhes, citant une filière de l’orge bio lancée depuis quelques années en Bretagne, portée par des brasseurs.
Houblon : « On est à 500 hectares. Il en faudrait 2 000 de plus »
Mais l’ingrédient qui pose le plus de problèmes est le houblon, épice de la bière, pour lequel la France est majoritairement importatrice.
« On est à 500 hectares à peu près. Il en faudrait 2 000 de plus », explique M. Costilhes.
Quelque 50 producteurs (43 en Alsace, sept dans les Flandres) assurent aujourd’hui la quasi-totalité de la production, même si, timidement, elle émerge dans d’autres régions depuis quelques années. En 2019, 55 hectares supplémentaires sont ainsi en projet.
Pour étendre les lianes de cette plante grimpante, le syndicat des brasseurs de France travaille « à une interprofession avec les producteurs et les négociants, pour essayer de relancer le nombre d’hectares en France », selon M. Costilhes.
Elle devrait le voir le jour d’ici à la fin de l’année. Au programme : recherche variétale et contractualisation pour favoriser l’installation et la promotion de cette production très fragile et très coûteuse au démarrage.
L’autosuffisance en houblon est un chantier de longue haleine, admet M. Costilhes, pour qui « moins de dix ans, ce n’est pas réaliste ».
Il note néanmoins un « accueil très positif des agriculteurs : on est dans la bonne période, au moment où on a beaucoup d’agriculteurs qui se posent des questions sur les cultures qu’ils doivent faire », entre crise de la betterave et concurrence mondiale effrénée dans le blé.