Les prix du blé ont du mal à monter franchement mais restent orientés en légère hausse en zone portuaire. L’orge repart à la baisse comme le colza. Les perspectives de la nouvelle campagne modèrent les prix, mais attention au climat des semaines à venir.
Une fin de campagne dynamique en blé
Les prix ancienne récolte se sont maintenus voire ont légèrement augmenté cette semaine aux alentours de 184 €/t rendu Rouen (+0,5 €/t — base juillet) et 177 €/t Fob Moselle (+1 €/t). Les prix nouvelle récolte, eux, se sont légèrement affaissés (-0,5 €/t) à 171,5 €/t rendu Rouen.
En ancienne campagne, le programme d’exportation se poursuit et reste dynamique. Le refus par l’Égypte de deux bateaux français cette semaine pour cause de présence d’ergot a cependant semé quelques troubles.
Malgré tout, les prix se maintiennent. Après son petit achat d’avril, l’Algérie est revenue cette semaine pour 540 000 tonnes qui devront être livrées avant le 30 juin. L’origine française a toutes les chances, vu son prix, de figurer parmi les principaux fournisseurs. À l’heure d’écrire ces lignes, l’Égypte est « au marché » ; les résultats de son achat ne sont pas encore connus mais l’offre la plus attractive a été faite en blé américain.
FranceAgrimer a relevé sa prévision des exportations de la France vers les pays tiers de 9,6 à 9,7 Mt. De notre côté, nous maintenons la prévision à 9,6 Mt du fait de chargements russes qui se sont poursuivis en mars de façon plus importante que prévu, et qui ont conduit à un abaissement de la prévision des ventes françaises vers l’Afrique subsaharienne (à présent attendues inférieures à 1,6 Mt).
Cela est compensé par le dynamisme des expéditions à destination du Maroc : les exportations sont revues à la hausse de 160 000 tonnes sur cette destination, à 960 000 tonnes, chiffre qui pourrait encore progresser si la dynamique se poursuit au cours du mois d’avril, à l’issue duquel la fenêtre de chargements pour le Maroc se refermera.
La semaine a été marquée par la publication des bilans de l’USDA (ministère de l’agriculture américain) qui a remonté son estimation des stocks mondiaux de blé. Cela a été ressenti comme un élément baissier au moment de la publication, mais les prix sont repartis en hausse ensuite en raison des perspectives d’exportation, en ligne avec la prévision de l’USDA et indiquant une accélération par rapport au début de campagne.
Des prix de blé inférieurs en nouvelle récolte
Pour la prochaine campagne, la compétition s’annonce très ardue et les blés français apparaissent chers par rapport aux autres origines malgré le décompte qu’ils affichent pourtant par rapport aux prix de l’ancienne récolte. Même si les rendements sont déjà affectés par le temps sec dans le sud et le centre-est de l’Union européenne, la production européenne reste prévue en net rebond par rapport à l’an dernier sans qu’il ne soit possible d’exporter la totalité des excédents. Il conviendra de surveiller de près les conditions climatiques : si la situation sèche perdurait, une forte nervosité est à attendre en raison de la situation très basse des stocks de fin de la campagne en cours.
L’orge repart à la baisse
Contrairement au blé, les prix de l’orge fourragère ancienne campagne ont abandonné 8 €/t cette semaine, à 159,75 €/t rendu Rouen et 2 €/t en Moselle, à 160,75 €/t. Après la tension suscitée par les chargements à destination de l’Iran et de la Chine, la pression retombe quelque peu. Il reste cependant encore quelques chargements à effectuer vers la Chine.
Les opérateurs chinois achètent en effet quelques tonnages français pour remplacer des orges australiennes à cause du risque de taxe que la Chine pourrait imposer sur les orges de sa voisine. Néanmoins, ces chargements porteront sur des orges brassicoles (hiver principalement). La situation de tension entre la Chine et l’Australie pourrait perdurer sur une partie de la campagne 2019-2020 et cela est de bon augure pour les exportations d’orge françaises brassicoles d’hiver sur la campagne 2019-2020.
Les prix de l’orge d’hiver le reflètent et gagnent 9 €/t cette semaine (à 18 €/t Fob Creil en base juillet) alors que le prix des orges de printemps (dont le bilan 2019-2020 s’annonce beaucoup plus lourd) s’affaisse.
Le maïs terne
Évolutions disparates pour les prix du maïs cette semaine : -1 €/t Fob Rhin à 153 €/t mais +1 €/t à la Pallice à 159,25 €/t. Sur le marché mondial, les valeurs s’effritent encore, la baisse la plus marquée concernant les maïs américains (- 7 $/t à 165 $/t Fob US Gulf). En effet, l’USDA vient de confirmer de forts stocks attendus pour la fin de campagne et cela vient s’ajouter à une perspective de large augmentation des semis pour la prochaine récolte.
Avec l’arrivée d’une très bonne production argentine et des semis précoces pour la récolte d’hiver au Brésil, le marché mondial croule sous l’offre présente et à venir. En parallèle, la demande mondiale de maïs est en phase de réduction importante à cause de la peste porcine africaine qui se répand encore et décime le cheptel chinois.
Recul du colza français
Le colza français a reculé de 2 €/t en Fob Moselle (à 361 €/t) et sur Euronext (à 359 €/t), mais reste stable à Rouen à 355 €/t. Le marché européen s’est trouvé tiraillé entre la hausse des cours du pétrole, le temps sec au Canada et en Australie, et les conditions fragiles des parcelles de colza dans l’Union européenne d’une part, et le recul du prix d’huile de palme et celui du canola canadien d’autre part.
Ce dernier a perdu 3 $/t à 341 $/t malgré la baisse attendue de surface. Les cours du canola subissent la décision chinoise, conséquence du récent conflit entre les deux pays, de supprimer l’autorisation d’exportation à plusieurs exportateurs canadiens. Les exportations canadiennes sont donc fortement ralenties. Du côté de l’huile de palme, les cours ont perdu du terrain suite à la publication le 10 avril du rapport du Malaysian Palm Oil Board indiquant des stocks supérieurs aux attentes des opérateurs du marché.
Le tournesol stable
Les cours du tournesol n’ont pas bougé à Saint-Nazaire cette semaine (à 325 €/t) comme en mer Noire (à 355 $/t). Les travaux de semis sont en cours dans l’Union européenne. Des précipitations supplémentaires seront toutefois nécessaires pour assurer une bonne implantation. En Ukraine, les semis, qui ont commencé précocement cette année, avancent rapidement et les conditions climatiques devraient s’améliorer selon les prévisions météorologiques.
Les négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis tirent le soja vers le bas
Après avoir annoncé le 4 avril la possibilité de conclure un « deal » commercial avec la Chine dans les quatre semaines à venir, le président américain a déclaré le lendemain qu’il n’est pas en mesure de prédire à quelle date l’accord serait conclu. Cette annonce a renforcé les incertitudes des opérateurs et a tiré les prix vers le bas vendredi dernier.
De plus, les ventes hebdomadaires à l’exportation publiées le 11 avril dans le rapport hebdomadaire du département américain de l’agriculture (USDA) ont été décevantes (270 000 tonnes). Les cours ont réagi à la baisse face à ce chiffre. Dans l’hémisphère sud, les conditions de cultures sont de plus plutôt favorables.
Le Conab (ministère brésilien de l’agriculture) a revu en hausse la récolte brésilienne de soja à 113,5 Mt. En Argentine, la récolte avance dans des bonnes conditions et les rendements semblent supérieurs aux attentes, ce qui pèse sur les prix. Somme toute, les cours du soja américain cèdent 4 $/t à 329 $/t à Chicago depuis la semaine dernière.
Du côté des cultures, l’impact des intempéries des dernières semaines (et à venir) dans le Midwest sur les futurs semis de soja est à suivre de près. Le soja pouvant être semé plus tardivement que le blé et le maïs, la surface cultivée en 2019 pourrait chuter bien moins que prévu si les intentions de semis de céréales ne peuvent être réalisées.
Le tourteau de soja a reculé cette semaine dans le sillage de la graine. Il perd 4 $/t à 339 $/t à Chicago et 5 €/t à 324 €/t à Montoir. En effet, la peste porcine africaine repérée en août dernier continue de se propager en Chine et dans les pays voisins, impliquant une forte baisse des cheptels. La demande chinoise en tourteau de soja pourrait reculer considérablement dans les prochains mois.
Le pois fourrager est resté stable depuis la semaine dernière à 185 €/t départ Eure-et-Loir, malgré le recul du prix du tourteau de soja. À ce niveau de prix, le pois reste compétitif dans les rations animales.
À suivre : conditions climatiques en Europe, au Canada, en Australie, et en Mer Noire, avancement des récoltes sud-américaines, météo aux États-Unis, impact de la peste porcine africaine en Asie