Les prix du blé ont encore chuté mais Euronext repartait à la hausse en cette fin de semaine, de même que les prix de l’orge à Rouen. Les deux céréales à paille sont très attractives sur le marché mondial. Le colza, quant à lui, reste sous pression malgré l’embellie sur le soja.

Rebond sur Euronext en fin de semaine

Mouvement en deux temps cette semaine : les prix du blé ont d’abord continué de perdre du terrain jusqu’à mercredi et cela a concerné toutes les origines, la chute de Chicago apparaissant comme le principal déclencheur. En effet, les ventes américaines sont jugées faibles et le fait qu’il n’y ait eu aucune offre de blé américain à l’Égypte lors de son dernier appel d’offres cette semaine a contribué à la morosité outre-atlantique.

 

Dans un second temps, les prix ont rebondi légèrement jeudi, et la plupart des origines ont regagné quelques dollars. Ce rebond a découlé des avancées plutôt positives des négociations sino-américaines, même si ces dernières auront beaucoup plus d’impact sur le soja. Malgré cette réaction, les prix restent inférieurs à ceux de la semaine dernière, de 3 à 6 $/t selon les places.

 

En France, le blé Fob Rouen se retrouve à 228 $/t Fob (–3 $/t en une semaine) ou 189 €/t rendu Rouen (en base juillet, –4 €/t par rapport à la semaine dernière). Sur Euronext, en revanche, après avoir plongé au plus bas depuis juillet, l’échéance de mars reprenait quelques couleurs en fin de semaine (+1,5 €/t, à 196,25 €/t).

Les blés français compétitifs

L’Égypte cette semaine a choisi les blés français pour la moitié de son achat (180 000 tonnes), la seconde part étant répartie entre 3 origines (trois fois 60 000 tonnes de blé roumain, russe et ukrainien). D’autres affaires se sont traitées également, pour des pays asiatiques, au départ de l’Australie, de la Russie et des États-Unis.

 

Même s’ils ne touchent pas l’Asie, les blés français sont bien dans la course désormais et le scénario de passage de relais de la Russie aux autres origines se déroule comme prévu. Toutefois, si la marchandise européenne a su faire le travail pour affirmer sa compétitivité, ce n’est pas encore le cas des blés américains, qui restent encore trop chers que ce soit sur le créneau SRW (qualité moyenne en compétition avec les blés français) ou HRW (qualité supérieure en compétition avec les blés russes, allemands et baltes).

 

Alors, dans ce contexte, il semble maintenant que ce soient les blés américains qui bloquent les blés européens alors que les Russes se contentent de suivre de loin. Malgré tout, la forte réaction baissière des marchés à terme récemment a aussi été probablement le résultat d’ajustements de positions de la part des fonds, autant qu’un phénomène lié aux rapports de compétitivité sur le marché physique.

Stabilisation des prix en zone portuaire pour les orges

À Rouen, le prix de l’orge semble se stabiliser cette semaine après une chute fracassante. Il remonte timidement de 1 €/t, à 167,25 €/t (base juillet). En revanche, la chute se propage encore aux places intérieures, le Fob Moselle abandonnant presque 8 €/t, à 159,75 €/t. Les orges brassicoles suivent aussi et cèdent à Creil entre 8 et 10 €/t, à 169 €/t en variété d’hiver et 178 €/t en variété de printemps.

 

Avec les conditions ensoleillées, les semis de printemps sont déjà bien enclenchés (plus de 20 % des intentions) et les surfaces d’orge de printemps restent attendues en nette hausse par rapport à l’an dernier à la suite de l’effondrement des surfaces de colza, bien que la chute actuelle des prix risque de venir limiter quelque peu cette hausse attendue.

 

L’ensemble du complexe finit donc de répercuter l’effondrement qui a eu lieu sur le marché mondial des orges fourragères depuis plusieurs semaines. Toutefois, face aux prix atteints, plusieurs pays sont en train de revenir aux achats. L’Algérie vient ainsi d’acheter 120 000 tonnes à 219-220 $/t (Caf, soit à destination). Les orges françaises semblent bien positionnées pour cette vente. Elles se sont battues pour sauvegarder le segment de l’Afrique du Nord, qu’elles devraient réussir à dominer car elles sont moins chères que les orges australiennes, russes et argentines.

 

Nous continuons de penser qu’un petit rebond des prix n’est pas à exclure si l’Arabie revenait au marché. La Jordanie a acheté, de son côté, 60 000 tonnes mais la livraison aura lieu en nouvelle campagne et le prix d’achat est de 207 $/t seulement illustrant un fort décompte (15 $/t environ) entre les prix de l’ancienne et de la nouvelle récoltes.

Le maïs imperturbable

Avec la reprise des publications du ministère américain de l’Agriculture (USDA), il est apparu récemment que les fonds d’investissement ont vendu beaucoup plus de maïs que prévu. Et cela a pesé sur les prix de Chicago au début de la semaine. Toutefois, après ce plongeon, les prix se sont relevés à Chicago avec la perspective d’un accord entre la Chine et les États-Unis. Certains opérateurs pensent que des achats de maïs américain par la Chine pourraient en découler.

 

Un autre facteur de soutien est apparu cette semaine : il s’agit de la première estimation de l’USDA des surfaces américaines de maïs aux pour la récolte de 2019. Cette estimation est à prendre avec des pincettes car elle a été réalisée il y a plusieurs mois dans le cadre d’un travail de prévision portant sur le moyen terme et ne reflète donc plus la réalité de rapports de prix actuels. Elle a toutefois été perçue comme haussière car affichant une surface en hausse moins marquée qu’attendu par certains opérateurs.

 

Sur les marchés physiques, les maïs américains et argentins ont ainsi vu leur prix se relever légèrement cette semaine (de 1 à 3 $/t). De l’autre côté de l’Atlantique en revanche, les maïs ukrainiens ont vu leur prix chuter de nouveau de 2 $/t, à 178 $/t Fob, et cela vient rappeler la compétition très rude entre ces maïs de la mer Noire et les maïs sud-américains qui arrivent sur le marché. Dans ce contexte, les maïs français perdent encore 1 à 2 €/t (à 165 €/t en base juillet Fob Rhin et 166,5 €/t rendu La Pallice).

La baisse du colza se prolonge

Les cours du colza continuent de digérer la compétition du biodiesel argentin et s’affichent en recul sur le marché physique de 6 €/t rendu Rouen (à 355 €/t) et de 4 €/t Fob Moselle (362 €/t). Le repli enregistré sur Euronext est de 4 €/t pour l’échéance de mai 2019. Les bonnes conditions de culture dans l’Union européenne comme en Ukraine et les grèves toujours en cours dans une partie des usines de trituration du groupe Avril appuient assurément la baisse enregistrée cette semaine. Au Canada, les cours pâtissent aussi des bonnes conditions de culture dans l’Union européenne et en mer Noire, ainsi que d’exportations de canola décevantes notamment vers la Chine.

Le soja porté par les négociations sino-américaines

Les cours du soja profitent encore une fois des échos positifs à propos du déroulement des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis. Selon les dernières rumeurs, la Chine pourrait s’engager à acheter 30 milliards de dollars (additionnels) de produits agricoles américains dans le cadre d’un protocole d’entente entre les deux nations.

 

Il semble maintenant aussi très probable que la date charnière à partir de laquelle les droits de douane sur les produits chinois importés aux États-Unis pourraient être relevés, initialement prévue au 2 mars, soit décalée, voire supprimée. Ces nouveaux éléments ont permis au soja de regagner du terrain après le repli enregistré au début de la semaine sur fond d’amélioration de la situation des cultures en Amérique du Sud, de propagation de la peste porcine en Chine et au Vietnam et d’exportations de soja toujours très faibles aux États-Unis. Le soja sur le marché à terme de Chicago (CBOT) gagne 3 $/t depuis la semaine dernière à 335 $/t.

 

Le tourteau de soja à Montoir affiche de son côté une baisse de 7 €/t, à 327 €/t. Il recule notamment en raison d’une trituration de soja toujours élevée et d’une reprise des importations ces dernières semaines. Les conditions de culture globalement favorables au soja en Argentine viennent aussi probablement appuyer la baisse.

 

En pois, la cotation Eure-et-Loir est pratiquement inchangée cette semaine à 205 €/t.

La demande tire les cours du tournesol

Le prix du tournesol continue son ascension cette semaine, il gagne 6 €/t rendu Saint-Nazaire et 10 $/t Fob mer Noire en raison d’une demande toujours très vigoureuse dans l’Union européenne, en Ukraine et en Turquie.

À suivre : ventes de blé et d’orge de la France, réactions russes et américaines, contenu du protocole d’entente entre la Chine et les États-Unis, exportations américaines de soja, climat en Amérique du Sud (soja) et en Europe et mer Noire (colza).