Un nouveau type de démarche a vu le jour dans le paysage de la valorisation du carbone pour les productions végétales (grandes cultures, maraîchage…). Gaïago, entreprise bretonne, a lancé le 30 mars 2022 son programme « Gaïago Carbone ». Celui-ci permet de valoriser économiquement le carbone stocké dans les sols agricoles après avoir appliqué son prébiotique Nutrigeo (1). Le programme dure cinq ans, avec un apport annuel.

Mesures plutôt que modélisations

Alors que le label bas carbone (LBC) est basé sur la modélisation, Gaïago est très attaché à « la certification du carbone réellement stocké », indique Vanessa Lefebvre, responsable du projet carbone de Gaïago.

 

Concrètement, le programme prévoit des analyses de sols au lancement (avant la première application), lors de la troisième année, puis à la fin, au bout de cinq ans. Les résultats permettront de calculer au cas par cas la quantité de carbone stocké, via le cadre international Gold Standard. « Cela permettra aux agriculteurs de percevoir une rémunération au bout de trois ans, et au bout de cinq ans », précise Vanessa Lefebvre.

 

Vanessa Lefebvre précise que des discussions sont en cours avec le label bas carbone : l’objectif est à terme d’y inscrire le programme. Mais pour l’heure, le label n’inclut pas de modélisation de stockage de carbone par l’utilisation d’un biostimulant.

Pour les sols aux structures dégradées

Le programme Gaïago Carbone ne concerne que les sols qui présentent des problèmes de structure. Des critères d’éligibilité ont été établis par l’entreprise, qui vise ainsi « les sols avec des problèmes de compaction ou d’hydromorphie », indique Vanessa Lefebvre.

 

Sur ces parcelles, l’application annuelle de Nutrigeo couplée à des pratiques agricoles régénératrices permet, selon Gaïago, de séquestrer en moyenne 3 tonnes de CO2 équivalent supplémentaires par hectare et par an (soit trois crédits carbone par hectare et par an). Actuellement, un crédit carbone s’achète environ 30 euros (marché de gré à gré).

Démarche multipartenariale

Gaïago explique se positionner comme un « chef d’orchestre ». L’entreprise coordonne ainsi les analyses de sols (réalisées par Auréa), les ventes des crédits carbone (menée par TerraTerre ou encore South Pole) via un outil conçu avec FarmLeap. « L’objectif est d’avoir un programme clé en main pour l’agriculteur, facile d’utilisation », indique Vanessa Lefebvre.

 

Le programme est lancé à l’international, avec une grande emprise sur le territoire français.

5 000 ha sont déjà signés, et les premières analyses de terre en cours. « Nous espérons atteindre 75 000 ha d’ici la fin de l’année », précise-t-elle, soulignant un « réel engouement » de la part des distributeurs. Une vingtaine d’entre eux est pour l’heure engagée.

(1) Le produit, sous forme liquide, contient des acides organiques et extraits végétaux, des acides humiques et des oligoéléments (bore, manganèse, fer, zinc…).