Le ministère de la Transition écologique a publié à la mi-mars 2022 un état des lieux des ventes de produits phytopharmaceutiques en France actualisé avec les données 2020 de la base nationale des ventes distributeurs (BNV-D).
Encore élevés…
Il ressort qu’au cours de la décennie 2010, les ventes de produits phyto sont restées à des niveaux élevés. Parmi celles-ci, les ventes de substances actives n’entrant pas dans les usages de l’agriculture biologique ou dans le cadre du biocontrôle ont toutefois diminué (–10 % entre 2009-2011 et 2018-2020).

« Au niveau des substances actives conventionnelles, la période de 2018 à 2020 se révèle la plus basse de la série avec un peu moins de 44 000 tonnes, souligne la Driaaf Île-de-France dans sa lettre d’information phytosanitaire d’avril 2022. La forte hausse de 2018, liée à des achats anticipés dans la perspective de l’augmentation du taux de redevance pour pollutions diffuses au début de 2019, a été suivie de deux années de baisses des ventes. »
Elle spécifie par ailleurs que « les quantités de substances actives vendues ne reflètent pas les quantités appliquées ou la période d’application des traitements (possibilité de constitution de stocks), et que c’est pourquoi les tendances sont généralement examinées sur des périodes de trois ans.
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… mais diminution pour les CMR
La part des substances classées cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) est passée de 28 % à 12 % entre 2009 et 2020.
Toutefois seize départements totalisent plus de la moitié de la quantité de substances actives classées CMR achetées sur la période de 2018 à 2020. Avec 644 tonnes en moyenne triennale de 2018 à 2020, la Somme totalise la plus grande quantité de produits achetés (+1,5 % par rapport à 2015-2017), suivie du Pas-de-Calais (547 tonnes, avec +11 %), du Nord (521 tonnes, avec +23 %), de la Marne (404 tonnes, avec –30 %) et de l’Eure-et-Loir (389 tonnes, avec –22 %).
Le ministère de l’Écologie souligne en effet que « certaines cultures, comme la pomme de terre présente surtout dans le nord de la France, sont traitées davantage avec des fongicides. Or, 13 % des fongicides et des herbicides vendus en 2020 sont classés parmi les substances les plus toxiques. Pour les insecticides, cette part s’élève à 8 % ».
44 % des substances vendues sont des herbicides
En 2020, les herbicides représentent 44 % des substances vendues. Après le soufre, utilisé en agriculture conventionnelle et biologique à hauteur de 13 000 tonnes, le glyphosate est la deuxième substance active la plus utilisée en France : 8 600 t vendues en 2020, 6 100 tonnes en 2019 et 9 700 tonnes en 2018, soit 12 % du total des ventes sur la période de 2018 à 2020 (graphique 3).
Il ressort en conséquence que sur la période de 2009 à 2020, il a été l’herbicide le plus vendu au niveau national parmi les 120 substances actives à usage herbicide, avec une part relativement stable, autour de 28 %.

Fongicides en deuxième position
Les fongicides et bactéricides ont, quant à eux, représenté en 2020 40 % des substances vendues, les insecticides et acaricides 9 %, et enfin les autres produits (régulateurs de croissance par exemple) 7 %.
Entre 2009-2011 et 2018-2020, les quantités de fongicides ont augmenté de 21 %, celles d’herbicides de 6 % et celles d’insecticides de 105 %. « Ces tendances doivent s’examiner à la lumière des contextes climatiques et sanitaires : utilisation accrue de fongicides les années de forte pluviométrie tandis que les années caractérisées par des températures élevées sont favorables aux insectes », rappelle le ministère.