« L’ambroisie à feuilles d’armoise est un problème de plus en plus important, surtout pour les récoltes d’août, constate Jean-Jacques Perissat, responsable qualité, sécurité et environnement (QSE) à la coopérative de Mansle­, en Charente. Par ailleurs, les échantillons de grains réalisés à la moisson­ ne sont pas forcément fiables. Dès qu’ils sont brassés, l’ambroisie va au fond du sac, un peu comme la terre dans les pois. »

Détection compliquée

La présence de cette plante envahissante et allergisante dans les grains est donc particulièrement compliquée à détecter. Pourtant, « un règlement européen fixe le seuil de graines à ne pas dépasser à 5 mg/kg de matières premières destinées­ à l’alimentation animale », précise Marilou Mottet, de l’Observatoire des ambroisies à la Fédération régionale de défense contre les organismes­ nuisibles (Fredon France).

La solution est donc de vérifier au champ, en amont de la moisson, la présence de cette adventice nuisible. En général, l’agriculteur connaît bien sa parcelle et sait si elle contient de l’ambroisie. « Au pire, il le découvre en battant », relève Jean-Jacques Perissat. Si l’adventice n’a pas pu être détruite avant la récolte, l’exploitant doit déclarer sa présence à l’organisme stockeur sur le bon de transport, afin que la traçabilité soit conservée et le lot mis à l’écart à l’arrivée au silo.

Tri par calibre ou optique

En tournesol, la graine étant assez grosse, l’ambroisie peut être triée par calibre. Pour augmenter la précision du procédé, la vitesse de triage sera réduite en passant, par exemple, de 100 t par heure à 30 t en huit heures.

Pour le millet, le tri optique est nécessaire. « Comme le coût est plus important pour la coopérative, il est inscrit dans le contrat signé avec l’agriculteur que le tri lui sera facturé 100 €/t, explique le responsable QSE. Ainsi, pour un prix d’achat du millet à 250 €/t par exemple, il ne sera payé que 150 €/t. »

Dans ce coût, sont compris les frais engendrés par la destruction des déchets (environ 30 €/t), obligatoire pour éviter la propagation de l’ambroisie. Celle-ci peut se faire par broyage, méthanisation ou incinération.

Une attention particulière doit être portée au tri, au risque d’une sentence couperet comme l’a connu Sébastien, agriculteur en Charente. « Malgré un tri préalable de mon lot de millet, deux graines d’ambroisie ont été retrouvées à la frontière belge l’an passé avant d’arriver chez le client, se souvient l’exploitant. Le chargement de 30 t a été refusé et renvoyé à ma coopérative, qui a dû le trier à nouveau. »

Des taches sur le soja

Pour le soja, le problème est plus vicieux : l’ambroisie tache le grain. Un bon réglage de la moissonneuse permet de trier et d’éjecter l’adventice, mais le battage entraîne des frictions entre les deux types de grains, ce qui colore le soja. Selon le cahier des charges du client­, le lot peut être refusé ou déclassé (passer d’un débouché pour l’alimentation humaine à animale) même sans présence avérée de grains d’ambroisie.

Florence Mélix