Après avoir annoncé, le 30 décembre 2020, la suspension immédiate des exportations de maïs jusqu’au 1er mars, le gouvernement argentin est finalement revenu sur sa décision le 12 janvier 2021 à la suite de la mobilisation du secteur, se contentant d’une surveillance accrue des volumes exportés.
Son objectif initial était de garantir l’accès du marché intérieur à la production de maïs, « non seulement en termes de quantité mais aussi de prix », indique le communiqué officiel. Cela afin de réduire les coûts de production de la viande, et ainsi contenir le prix de cet aliment central de la culture argentine, dans un pays en proie à une crise économique profonde, encore renforcée par la pandémie de Covid-19.
Grève de trois jours
Saluée par les petits et moyens producteurs, cette mesure sociale avait été fustigée par le reste du secteur agricole dès son annonce, fin décembre. L’Argentine est le troisième exportateur mondial de maïs. Et selon les bourses de céréales et de commerce, l’arrêt des exportations pendant deux mois aurait fait perdre 810 millions de dollars à un pays en manque cruel de devises, alors que 34,2 millions de tonnes de maïs avaient été exportées jusqu’alors sur les 37,5 millions attendus pour cette campagne.
« Pour nous, cette mesure est inexplicable, car il reste environ 10 millions de tonnes de maïs disponibles pour le marché intérieur », s’étonnait Alberto Morelli, président de l’association Maizar, le 8 janvier 2021.
En guise de protestation, plusieurs syndicats ont décidé de l’arrêt de la commercialisation des grains du lundi 11 au mercredi 13 janvier. La grève a été maintenue, malgré les rétropédalages successifs du gouvernement, qui a, dans un premier temps, remplacé l’interdiction par une limitation des exportations à 30 000 tonnes quotidiennes, avant, dans un second temps, de la lever complètement le 12 janvier.
Interventionnisme
Les organisations qui ont pris part à cette mobilisation rejettent en bloc l’interventionnisme de l’État sur les marchés. « Nous ne laisserons pas passer ça », déclarait ainsi Jorge Chemes, le président des Confédérations rurales argentines, au lendemain de la première concession du gouvernement.
Quelques jours plus tôt, son vice-président Gabriel de Raedemaeker craignait « que cela se reproduise sur d’autres productions comme le blé, la viande ou le lait ». Pour Alberto Morelli, le risque est, qu’à terme, ce type de mesures pousse les producteurs à se tourner vers le soja.
« Par le passé, les restrictions sur les exportations du maïs nous ont conduits à un rapport d’environ 6 hectares de soja pour un hectare de maïs, contre respectivement 1,5 pour 1 aujourd’hui. » Pour cette année, la production devrait toutefois rester stable car près de 80 % des 6,3 millions d’hectares de maïs prévus ont déjà été semés.
Laura Hendrikx