«Depuis dix ans, nous avons abandonné le labour. Mis à part un Cultirateau pour former les buttes, nous n’utilisons plus que des outils à dents pour aérer les sols. Avec une fertilisation à 90 % organique, la tenue après cueillette de nos herbes aromatiques et fleurs comestibles s’est nettement améliorée. Cela nous permet de nous différencier sur le marché », racontent Lynda Petitjean et Thierry Bornarel, du Domaine des Herbiers à Elne, dans les Pyrénées-Orientales.

Entre deux cultures, ils implantent du pois fourrager en semis direct. « Cet engrais vert donne une masse végétale dense, qui étouffe les adventices », note Thierry. Après enfouissement, celui-ci libère lentement l’azote, ce qui limite les risques de brûlure des semis pour la culture suivante. « Les herbes aromatiques poussent de façon plus homogène, ce qui améliore le rendement, tout en facilitant la cueillette des bouquets, réalisée à la main », précise le producteur.

Fertilisation organique

Avant de broyer cet engrais vert, Thierry épand un compost végétal élaboré sur mesure par un fournisseur du Gers. Sous abri, celui-ci contient également un peu de fumier ovin et des souches de Trichoderma. « Ce champignon freine la fusariose. Nous cultivons depuis dix ans du basilic dans la même serre sans avoir de soucis », ajoute-t-il.

Pour les plantes comme la menthe, cinq à six coupes par an sont réalisées : « Après chacune d’entre elles, j’épands de la vinasse de betterave. L’azote de cet engrais organique, disponible rapidement, relance la pousse. » En plein champ, le compost utilisé libère plus lentement l’azote. La dose est ajustée à la durée de la culture, de six à dix semaines pour la coriandre, l’aneth ou le cerfeuil, et jusqu’à huit mois pour le persil.

Pour réduire l’usage des désherbants, Thierry combine les faux semis et les binages. « En plein champ, j’applique encore un antigerminatif au semis, afin d’éviter la présence d’adventices au milieu des herbes aromatiques », précise-t-il. Pour la protection des plantes, il a testé de nombreux produits d’origine naturelle : « Nous obtenons de bons résultats contre l’oïdium de l’aneth ou du cerfeuil avec des extraits végétaux appliqués en préventif. » Contre le mildiou du basilic, le cuivre ne suffit pas. En fin de saison, le producteur mise alors sur des variétés résistantes. « Réduire les intrants chimiques n’est pas facile, confie-t-il. Nous avons fait des erreurs qui nous ont coûté cher. Mais nos clients apprécient nos efforts en matière d’environnement. C’est un atout pour les fidéliser, tout en justifiant un différentiel de prix avec la concurrence espagnole. »

Frédérique Ehrhard