Installé depuis 2007 sur la ferme familiale convertie en agriculture biologique depuis 1978, Romain Lhopiteau cultive pour la seconde année de la betterave sucrière sous contrat avec Tereos. Il s’est orienté vers cette espèce parce qu’elle participe à la diversification de son assolement, ce qui est toujours intéressant d’un point de vue agronomique. Mais elle lui permet aussi de valoriser l’irrigation ainsi que son compost (1). Elle bénéficie par ailleurs d’un prix de vente attractif puisque Tereos paye la tonne de betteraves bio 80 € aux producteurs. À cela s’ajoutent 200 €/ha et une prime potentielle de valorisation du sucre pouvant aller jusqu’à 85 €/t.
« Cette culture ne m’était pas inconnue car certains de mes voisins la cultivent, précise l’agriculteur situé à Néron, dans l’Eure-et-Loir. D’ailleurs, avec l’un d’eux, je loue les bineuses et le semoir à un entrepreneur. » Et le groupe sucrier accompagne les exploitants avec l’envoi de lettres « AgroBio infos ». Une première fois en février, afin de mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’implantation et choisir ses variétés (lire l’encadré ci-contre). Deux autres concernent la protection estivale puis la récolte, afin de préparer la plateforme de stockage. Une réunion pour faire un bilan de la campagne passée ainsi qu’un groupe Whats’app complètent ce dispositif d’informations.
Problèmes de chénopodes
L’an dernier, 10 ha ont été implantés et ont donné 53 t/ha à 16 °. « La moyenne nationale chez Tereos était de 45 t/ha en bio. Toutefois, je pense que j’aurais pu faire plus si j’avais pu maintenir la parcelle propre », estime ce dernier. En plus des faux semis habituels, il avait opté pour deux binages, réalisés en mai, ainsi que des écimages (fin juin et début septembre). « Mais le mal était fait, les adventices ayant déjà concurrencé la culture », juge-t-il.
Pour 2020, changement de stratégie sur les 15 hectares mis en place mi-avril. Certes, il y a eu du désherbage mécanique avec d’abord un passage de herse étrille (13 mai), suivi de deux binages, le premier à doigts kress (19 mai), puis un classique (2 juin). Et un écimage sera certainement nécessaire. Mais Tereos ayant communiqué sur l’intérêt du désherbage manuel, le changement majeur réside dans l’embauche de main-d’œuvre. Ainsi, chaque jour pendant un mois, entre 10 et 15 personnes sont venues désherber à la main la parcelle, qui présente essentiellement de gros soucis de chénopodes. Si 10 ha étaient relativement propres, 5 ha ont demandé beaucoup plus de temps. « Ce n’est pas le même antéprécédent ! Sur cette partie, il s’agit de pommes de terre, alors que sur le restant, il y avait de la luzerne », précise Romain.
« Les essais présentés par la coopérative en fin d’année ont démontré que pour être rentable, il ne fallait pas dépasser 80 à 100 heures/ha, avec un prix de l’heure de 15 €, ce qui est mon cas, précise Romain Lhopiteau. Vu le temps que je passe à gérer le personnel, les bulletins de paie, etc., j’espère que cet investissement (20 000 € de main-d’œuvre) sera valorisé et me permettra d’obtenir un rendement supérieur de 20 t/ha. » C. F.
(1) Lire La France agricole du 28 février 2020, page 32.