Alors que l’interprofession estime qu’il est « urgent de ne pas investir » dans cette filière du chanvre CBD (cannabidiol) tant que le cadre légal n’est pas défini, les défenseurs du chanvre de « bien-être » demandent « davantage de clarté et de transparence sur ce qu’il est possible de faire pour aiguiller les agriculteurs qui vont se lancer dans le secteur ».

« Véritable engouement »

« Il faut que les règles soient claires pour tout le monde et que chacun ait la même liberté d’entreprendre », estime Aurélien Delecroix, président du Syndicat professionnel du chanvre. Et de poursuivre : « Il y a un véritable engouement autour de la valorisation des principes actifs du chanvre. Nous recevons pas moins de quatre ou cinq appels par jour d’agriculteurs intéressés. Et il faut être réaliste : même avec l’alerte d’Interchanvre, ils vont se lancer. »

 

Selon lui, « la France a déjà beaucoup de retard par rapport à d’autres filières du chanvre CBD dans l’Union européenne. Il ne faut pas se mettre de bandeau sur les yeux, on va construire cette filière en France. ». Et d’ajouter « Il faut donc demander que le secteur agricole ait des précisions le plus rapidement possible sur les contours de la modification de l’arrêté de 1990. » Ce dernier autorise seulement la récolte de graines de chanvre et de paille, et pas celle des inflorescences.

« Un an de travail parlementaire mis de côté »

Jouanny Chatoux, agriculteur dans la Creuse, va même plus loin : « On met de côté un an de travail parlementaire qui ouvrait à la voie à une belle filière », regrette-t-il. Il fait allusion au rapport d’une mission parlementaire publié en février 2021 qui demande « expressément l’autorisation de la culture et de l’utilisation de toutes les parties de la plante de chanvre ». « Peut-on se passer de cette opportunité ? Non, selon moi. Mais j’ai l’impression qu’on va se faire confisquer ce marché alors qu’il n’a pas encore démarré », fulmine-t-il.