« L’un des principaux risques auxquels notre agriculture va devoir faire face en appliquant le Pacte vert, c’est un dumping climatique de la part de pays qui iront moins vite, volontairement ou involontairement », affirme Christiane Lambert, dans un communiqué de presse en date du 5 mars 2021, diffusé par le Copa qu’elle préside.

 

Et d’insister : « Dans les secteurs des céréales et des oléagineux, nos principaux concurrents sont la Russie, le Brésil, l’Argentine. Agit contre le réchauffement climatique en Europe est une chose, convaincre nos partenaires commerciaux de s’engager rapidement et fermement en ce sens en est une autre. »

 

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« Fuites de carbone »

La présidente du Copa en est « convaincue » : « Toute différence en termes de mesures ou d’ambitions climatiques entre l’Europe et ses concurrents sera dévastatrice pour notre agriculture. » C’est ce qu’elle appelle le principe des « fuites de carbone ».

 

C’est pourquoi imposer un prix pour le carbone contenu dans les marchandises importées permettrait, selon Christiane Lambert, « d’éviter la délocalisation vers des pays appliquant des exigences climatiques moins strictes ».

 

Or actuellement un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) est en passe d’être mis en place dans l’Union européenne, mais seulement pour les industries comme l’électricité, les raffineries de pétrole, les produits chimiques, les engrais… Il exclut donc l’agriculture.

Risque d’envol du prix des engrais

« Si le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ne concerne pas les produits agricoles, il ne doit pas non plus s’appliquer aux engrais, juge la présidente du Copa. Le prix des engrais est déjà plus élevé en Europe qu’ailleurs, car notre marché des engrais est protégé par des droits de douane et des mesures antidumping qui coûtent 600 millions d’euros par an aux agriculteurs européens. Si à cela venait s’ajouter un MACF, le prix des engrais s’envolerait, ce qui augmenterait encore plus les coûts de production agricoles en Europe, tout en rendant plus compétitif et attractif le recours à des aliments importés. »

 

Ainsi Christiane Lambert estime que soit on inclut « l’agriculture et ses filières en aval dans le futur mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, soit les activités d’agrofourniture et particulièrement les engrais azotés doivent en être exclus également, sous peine de retirer toute compétitivité à notre agriculture. »