Dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, le Modef alerte sur le projet de la Commission européenne de révision de la législation relative à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances chimiques et des mélanges, d’ici à 2025. Un projet initié pour la mise en ouvre du Pacte vert dans le cadre de la stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques.

Sensibiliser les politiques

Cette stratégie vise à supprimer les produits toxiques. Reste qu’à ce jour aucun texte sur ce projet de révision n’a encore été présenté par Bruxelles, mais la filière de la lavande entend d’ores et déjà sensibiliser les politiques et le grand public sur ce sujet.

 

Ainsi selon le Modef, « les huiles essentielles de lavande, produit naturel, pourraient être classées dans la catégorie des produits dangereux » avec le « risque d’encourager l’utilisation d’huiles essentielles de synthèse au détriment des huiles naturelles produites à partir de plantes à parfum, aromatiques et médicinales. »

Prendre en compte la spécificité des produits naturels

Le président du Modef, Pierre Thomas, demande ainsi à Julien Denormandie « d’intervenir auprès de la Commission européenne afin de prendre en compte la spécificité des produits naturels, en particulier celle des huiles essentielles. Sans cela, c’est toute la production qui est menacée de disparition. »

 

Il rappelle que la France est le premier producteur au monde d’huile essentielle de lavandin, environ 1 500 tonnes par an et le deuxième producteur mondial d’huile essentielle de lavande, environ 100 tonnes par an.

 

L’inquiétude autour du projet de Bruxelles est partagée par PPAM de France (syndicat national de la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales) qui rappelle que dans le cadre du projet de nouvelle réglementation, « les huiles essentielles sont considérées comme des produits chimiques et doivent être évaluées avec les mêmes méthodologies. Elles sont, selon les situations, assimilées à des mélanges de constituants. »

Multitude de constituants

« Or les huiles essentielles, comme tous les produits naturels, sont des substances complexes composées d’une multitude de constituants, qu’il n’est pas possible de supprimer sans altérer leur identité et leurs propriétés », détaille PPAM France dans un communiqué datant du 28 juillet 2021.

 

La filière des plantes à parfum estime, comme le Modef, que « les méthodes d’évaluation étant non adaptées aux produits naturels, les huiles essentielles risquent d’être considérées à tort « trop dangereuses » et donc interdites ». Au risque de les faire disparaître des produits de grande consommation (cosmétiques, parfums, lessives, aromathérapie, produits alimentaires,…).

 

Les lavandiculteurs demandent donc « une approche spécifique et adaptée aux huiles essentielles et globalement aux produits naturels, qui garantissent la protection du consommateur et de l’environnement ».