Le ministère de l’Agriculture vient d’envoyer au Haut-conseil pour le climat sa contribution au plan national d’adaptation au changement climatique tel que l’avait demandé le Premier ministre Jean Castex lors du conseil de défense écologique du 27 novembre 2020. Le ministère de la Transition écologique avait déjà envoyé sa feuille de route fin avril 2021 et plusieurs points de son plan d’actions concernaient aussi l’agriculture.

 

À travers le document du ministère de l’Agriculture, on peut carrément voir se dessiner une exploitation agricole type qui placerait la réduction de ses émissions de carbone parmi ses priorités stratégiques. En tous les cas, telle que la voient les services du ministère de l’Agriculture, selon trois axes.

 

  1. Changer ses pratiques agricoles

    Le rapport du ministère de l’Agriculture se focalise en premier sur la gestion de l’azote dans l’exploitation. Il affiche ses actions en vue de diminuer les surplus d’engrais minéraux, notamment en vantant son plan pour les matériels d’épandage moins émissifs, y compris en élevage. Les programmes régionaux de la directive nitrates, arrêtés en septembre 2022, accompagneront les agriculteurs dans ces nouvelles pratiques. Les fertilisants organiques et ceux issus du recyclage sont privilégiés par ce rapport. Parmi les changements de pratiques agricoles, le ministère veut soutenir la méthanisation, perçue comme une valorisation des effluents. Il veut aussi favoriser les cultures de légumineuses, de protéagineux et des surfaces fourragères, notamment en mobilisant le futur écorégime de la politique agricole commune. Enfin, il inscrit dans ce cadre l’augmentation du nombre d’exploitations en agriculture biologique ou certifiées Haute valeur environnementale.

  2. Séquestrer du carbone dans les sols

    Dans ce chapitre, le ministère compte valoriser le potentiel de séquestration du carbone dans les sols agricoles et forestiers : il estime que le secteur absorbe 6,7 % des émissions de gaz à effet de serre, principalement du fait du puits forestier. Dans son plan d’action, le ministère envisage de favoriser les prairies permanentes pour augmenter la couverture des sols, ou de favoriser la réimplantation des haies. Il met en avant également toutes ses annonces en faveur de la prise en compte du carbone dans la gestion de l’exploitation, comme la labellisation bas carbone ou le recours au bon diagnostic carbone. Au niveau international, il continue d’apporter son soutien à l’initiative 4 pour 1000 en faveur de la séquestration du carbone dans les sols.

  3. S’adapter au changement climatique

    Enfin, le ministère de l’Agriculture examine comment accompagner les agriculteurs dans l’adaptation au changement climatique. Il insiste donc ici sur la réforme de la gestion du risque climatique, même si les effets ne sont pas les mêmes dans chaque filière. Il inclut aussi dans ce chapitre tout ce qui pourra ressortir des travaux du Varenne agricole de l’eau, envisagé comme un mode de gestion durable de l’eau et des sols.

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La feuille de route du ministère de l’Agriculture liste aussi trois autres axes de travail, un peu plus éloignés des exploitations elles-mêmes bien que contenus dans son périmètre d’actions :

 

  • Soutenir la consommation d’aliments vers des pratiques à moindre impact environnemental ;
  • Enseigner à produire autrement ;
  • Se comporter lui-même comme exemplaire sur le plan de l’écoresponsabilité.

 

« Ce plan d’actions est évolutif. Il sera actualisé régulièrement pour tenir compte de l’avancement de ces actions et l’atteinte des objectifs », ajoute les auteurs du document.