À partir de juillet 2018, plus de 800 exploitations de l’Association des producteurs de lait Bel Ouest (APBO) devraient nourrir leurs vaches sans OGM. À ces fermes s’ajoutent une trentaine d’élevages de la Laiterie de Verneuil, déjà sans OGM, et une centaine du côté de la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel. Le phénomène touche aussi la volaille avec des demandes de Carrefour de « poulet sans OGM ».
Malgré la complémentarité des grandes cultures et de l’élevage en région Centre, les filières protéines peinent à voir le jour. Alors, face aux demandes du marché, les éleveurs pourront-ils se fournir en protéines sans OGM ? Depuis 2015, le groupe coopératif Axéréal tente de lancer la production de soja. En 2017, il y a dédié quatre silos et en a récolté 3 000 tonnes. Dans quatre ans, la coopérative vise les 20 000 tonnes. « Nous n’en sommes qu’aux balbutiements. En 2018, nous répondons à Carrefour pour les poulets d’Auvergne, avec LDC. Nous devons anticiper la demande des autres distributeurs et des ruminants, et produire en fonction de leurs besoins », précise Denis Courzadet, responsable filière à Axéréal.
Mais il n’est pas simple d’estimer ces besoins. Si, en volaille, le soja OGM est substitué par du soja non OGM, pour le lait, d’autres cultures peuvent être utilisées. Cyril Beautru, éleveur à Savigny-sur-Braye pour Bel, va sauter le pas au printemps : « Mon but est de remplacer la part de soja par du tourteau de colza brut, mais aussi d’augmenter le pâturage et d’incorporer des pois fourragers dans la ration. Je limiterai ainsi les achats extérieurs. » Les situations sont très variables selon les exploitations, l’APBO n’a donc pas estimé les besoins en soja non OGM de ses éleveurs.
Des rendements hétérogènes
Bien que le soja apporte une nouvelle tête de rotation, avec un itinéraire technique simple, peu de céréaliers sont partants. « Les études annoncent 30 q/ha, mais sur le terrain, les rendements sont deux fois moins importants », note un polyculteur-éleveur.
Quant à Frédéric Vannier, installé à Vensmes (Cher) sur une exploitation non irriguée, qui s’est lancé dans cette nouvelle culture l’année dernière, il a opté pour le soja à la place du colza, pour faire face à des problèmes d’assolement. « Axéréal me garantit un prix minimum de 350 €/t, précise-il. Cette année, j’ai fait 17 q/ha, ce qui couvre seulement mes charges. L’année prochaine, je vais choisir des sols plus profonds et j’espère atteindre 25 q/ha. »
Denis Courzadet est plutôt confiant pour l’avenir de la filière : « Les semences sont maintenant directement inoculées, l’agronomie est maîtrisée, un prix de base est garanti. Il faut que le soja entre dans les mœurs et que les agriculteurs passent de la défiance à la confiance. »