Plantes desséchées sur pied, épis avec peu de grains… Le déficit hydrique cet été a fortement perturbé la floraison et la fécondation des maïs, notamment dans les sols à faible réserve utile non irrigués. Avec des précipitations inférieures de 28 % en moyenne aux normales, juillet 2020 devrait être « le mois de juillet le plus sec depuis 1959 », selon Météo-France, avec une sécheresse des sols importante (voir la carte ci-dessous). Les pluies des derniers jours arrivent souvent trop tard et restent insuffisantes et hétérogènes. Le nombre de grains par épi s’en ressent (quand il y a des épis !) et le poids de mille grains (PMG) devrait être faible par endroits.
Dans les zones d’élevage, beaucoup de maïs grains vont finir en ensilage pour pallier le manque de fourrages. Toutefois, selon les observateurs de terrain, la situation est un peu meilleure que celle de 2019, qui avait été catastrophique. « Les maïs semés tôt sont corrects, explique un opérateur en Champagne-Ardenne. Mais dans les parcelles tardives avec une floraison fin juillet, on ne devrait pas dépasser 40 à 60 q/ha. » Les maïs ne sont pas hauts, ils ont régulé leur croissance pour privilégier le remplissage des grains. « Au lieu de 2,50-2,80 m de haut, ils font plutôt 1,20 m », selon un technicien picard.
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Le potentiel du maïs entamé
En Bourgogne, les maïs aussi sont « tristounets » alors qu’ils étaient bien implantés. Mais le sec et les fortes températures, au-delà de 40 °C, ont fané les plantes. Même constat en Lorraine où il n’a pas plu significativement depuis huit semaines. Dans le Centre, les Pays de la Loire, en Ile-de-France et en Alsace, la situation est compliquée pour les maïs non irrigués en sols légers. C’est mieux en Normandie et à l’ouest de la Bretagne, où la céréale a profité des pluies et de la chaleur. Plus à l’est, les cultures souffrent davantage.
En Auvergne, on s’attend à une baisse du potentiel de 30 à 40 % par rapport à une année normale, même si les dernières pluies pourraient améliorer le PMG. Tandis qu’en Rhône-Alpes, la pluie serait la bienvenue aussi pour gérer l’ambroisie pour ceux qui n’ont pas pu déchaumer. Dans le quart Sud-Ouest, la plupart des parcelles irriguées sont jolies, mais là encore dans les sols non arrosés, les maïs sont grillés et le potentiel est clairement entamé. Ils auraient dû être semés plus tôt, mais il faisait trop sec au printemps.
En Poitou-Charentes, les cultures d’été sont bien parties en début de cycle et ceux qui ont pu irriguer ont réussi à tenir leurs cultures. Certains agriculteurs ont dû faire des choix pour arroser leurs parcelles (lire ci-dessous), d’autres font face à des restrictions d’irrigation et les cultures n’ont pas reçu assez de tours d’eau. Ce déficit hydrique pénalise aussi certains sojas non irrigués et les sorghos en terres légères.
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Tournesol meilleur
La situation est moins critique pour le tournesol car il a eu davantage d’eau au pied au moment de la floraison. Les levées ont été correctes. C’est le cas en Champagne-Ardenne ainsi qu’en Midi-Pyrénées pour ceux qui ont été semés tôt. C’est moins bien en Lorraine du fait de problèmes de fécondation, ou en Aquitaine où l’oléagineux était en pleine floraison au moment du sec et a subi des attaques de mildiou. Les tournesols qui n’ont pas pu être irrigués sont moins beaux en Rhône-Alpes. Les récoltes s’annoncent précoces.
Qui dit sécheresse en été dit aussi difficultés pour semer les colzas. C’est encore le cas, cette année, où il n’y a pas eu de pluies ou pas suffisamment. Pour ceux qui ont anticipé les préparations derrière la moissonneuse, la situation est meilleure et des parcelles commencent à lever. Toutefois, des baisses de surfaces sont annoncées et certains producteurs ont jeté l’éponge, préférant abandonner la culture cette fois.
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Isabelle Escoffier et Justine Papin