Les récoltes de maïs grain avancent pas à pas, au gré des précipitations et des semis de blé dans les régions céréalières. Entre 5 et 50 % des surfaces étaient collectées au 6 octobre, et le plein « boom » devait avoir lieu cette semaine à la faveur d’un temps clément. Les humidités observées oscillent entre 25 % et 30 % en moyenne. Pour les parcelles ne recevant pas de blé derrière, certains producteurs ont tendance à attendre encore pour faire entrer la moissonneuse dans le champ afin que l’humidité des grains baisse encore. Objectif : diminuer les frais de séchage.
Le poste du séchage coûte cher
Car malgré des incitations financières de la part de certains organismes stockeurs pour collecter précocement et étaler ainsi les travaux, le poste du séchage coûte cher. Or les prix du maïs sont au creux de la vague, ce qui incite à couper dans les charges. « Le prix net du maïs, frais d’irrigation et de séchage déduits, ne dépasse pas les 120 €/t, chiffre un opérateur dans l’Ain. On ne gagne pas d’argent avec cette culture, contrairement au blé cette année à la récolte. » Dans le département, les surfaces de maïs ont chuté depuis deux trois ans au profit du colza, du soja et du blé. En Normandie aussi, les surfaces de maïs grain ont reculé, à cause des cours peu porteurs.
13 %
Au 1er octobre, Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, estime à 13 Mt la production française de maïs grain pour 2017-2018. C’est 11 % de plus que l’an dernier. La production est toutefois en baisse de 11 % par rapport à la moyenne de 2012 à 2016.
Mais dans d’autres régions, il n’est pas toujours possible d’implanter d’autres cultures à la place du maïs car ce dernier occupe des terres très humides au printemps. « Il faut aussi prendre en compte que le maïs peut être une plante de coupure pour diminuer la pression des adventices, et qu’il permet d’améliorer la teneur en matière organique du sol », tempère un responsable technique en Champagne-Ardenne.
Heureusement, les rendements sont bons dans la majorité des zones. Gilles Espagnol, ingénieur spécialiste du maïs chez Arvalis, annonce une moyenne nationale à 100 q/ha. Le service de la statistique du ministère de l’Agriculture est plus prudent et mise plutôt sur 93,2 q/ha, mais il s’agit de prévisions au 1er octobre.
Conditions favorables tout au long du cycle
Les régions qui présentent les meilleurs rendements sont l’Alsace, la Lorraine, la Champagne-Ardenne et l’Aquitaine, avec des moyennes de rendements entre 105 et 115 q/ha. « Les rendements sont très bons, en moyenne proches des 110 q/ha, contre 90 q/ha habituellement, confirme une coopérative des Landes. Les conditions ont été favorables à la culture depuis le début. Les maïs en sec ont soutenu la comparaison avec ceux qui ont été irrigués grâce aux pluies régulières. » Même constat dans l’Aube : « Avec les pluies de fin de cycle et le bon ensoleillement de l’été, la moyenne dépassera les 90-95 q/ha contre 85 q/ha habituellement », se réjouit un responsable agronomique.
Un opérateur en Alsace relativise un peu : « Le rendement moyen est prévu aux alentours de 110-113 q/ha, c’est bon sans être exceptionnel. Il manque du poids de mille grains à cause du temps sec en août. Il aurait fallu 50 mm d’eau en plus. » En irrigué, certains maïs alsaciens atteignent toutefois les 140 q/ha, comme en terres profondes non irriguées.
Les récoltes qui débutent en Normandie s’annoncent aussi prometteuses, avec des premiers échos à 100-130 q/ha en sec. « L’humidité se situe entre 25 et 30 %, ce qui est assez sec pour un début de moisson », note une coopérative de la Basse-Normandie. Les responsables de collecte en Bourgogne-Franche-Comté, en Auvergne, en Bretagne et en Picardie affichent également leur optimisme.
Dans le Rhône-Alpes, les rendements sont hétérogènes mais en majorité bons à très bons, avec des pointes à 150 q/ha en irrigué. Les pluies régulières ont permis aux maïs non irrigués d’atteindre 90 à 110 q/ha. Mais dans l’Ain, certaines parcelles ont souffert du stress hydrique et thermique, et il n’est pas rare d’observer des maïs qui ne dépassent pas 40 q/ha en pluvial.
Il y a aussi beaucoup d’hétérogénéité dans le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire et le Midi-Pyrénées, avec des rendements qui décrochent dans certaines parcelles irriguées où des coupures d’eau précoces sont intervenues cet été, pénalisant le remplissage des grains. La canicule en fin d’été n’a pas arrangé les choses. Certaines zones du Centre ont aussi souffert de la sécheresse mais, en moyenne, les résultats s’annoncent corrects (95 q/ha).
Attaques de pyrale
Sur le front de la qualité sanitaire des maïs, tous les voyants sont pour l’instant au vert. Mais le fait d’attendre que le maïs sèche sur pied peut dégrader l’état des épis. « Il faut mettre en balance la préservation de la qualité sanitaire et la diminution des frais de séchage », souligne Gilles Espagnol. Or la fin de cycle offre souvent des conditions favorables au développement des champignons producteurs de mycotoxines.
D’autant plus cette année que les maïs ont été touchés, davantage qu’à l’habitude, par des attaques de pyrale, en raison des températures élevées au mois de juin. C’est le cas notamment en Lorraine, en Alsace, en Bretagne, dans les Pays de la Loire, le Centre, l’Île-de-France, en Normandie et en Picardie. Les maïs touchés peuvent être fragilisés et ont tendance à se coucher. Avec des pertes possibles à la récolte.