Le prix du maïs s’envole encore sur le marché mondial à la suite des nouveaux achats chinois. Les prix s’affaissent plutôt, au contraire, pour le blé et restent stables pour l’orge, sauf en Russie. Le colza tire bien son épingle du jeu grâce à son huile.

Le blé perd un peu de terrain

Sur le front des échanges de blé, plusieurs nouvelles sont intéressantes cette semaine. La Turquie a annulé une large part (305 000 tonnes) d’un achat de 400 000 tonnes qu’elle venait d’effectuer en raison probablement de prix jugés trop élevés. Cet événement peut constituer un des signes de la difficulté dans laquelle commencent à se trouver certains grands pays importateurs pour faire face à leurs besoins aux prix actuels. Néanmoins, il convient de ne pas tirer trop de leçons de cet épisode.

 

Dans le même temps, l’Algérie est de nouveau revenue sur le marché pour contracter 630 000 tonnes de blé meunier pour chargement sur févier-mars.

 

Au Pakistan, par ailleurs, le gouvernement vient de donner l’autorisation d’importer 300 000 tonnes à la TCP (Trading Corporation of Pakistan) et la Jordanie a acheté 60 000 tonnes de blé ukrainien pour livraison sur la nouvelle campagne.

 

Le prix du blé rendu Rouen abandonne 3 €/t cette semaine, à 224,25 €/t en base juillet. Les prix étaient repartis en hausse au milieu de la semaine, poussés par le maïs et l’achat algérien mais ils cèdent finalement au léger mouvement de baisse de l’ensemble du marché mondial.

 

Les prix US et argentins ont perdu entre 4 et 6 $/t et il en a été de même pour les prix de la mer Noire. Ce sont ces derniers qui donnent le « la » : ils ont été affectés par l’annulation turque mais aussi par l’incertitude qui règne maintenant en Russie sur la demande à l’exportation pour les mois à venir.

Très gros achats chinois de maïs US cette semaine

Le gouvernement ukrainien, en accord avec les représentants de la filière, a finalement décidé au début de la semaine de retenir le niveau-cible de 24 millions de tonnes pour les exportations de maïs du pays et non 22 millions comme il était craint auparavant.

 

Par rapport à notre prévision du bilan ukrainien, cela signifie que l’Ukraine pourra exporter la totalité de son disponible exportable. Malgré tout, ce dernier est très faible par rapport à celui de l’an dernier (24 contre 29 millions de tonnes) et cela va se traduire par des importations européennes en provenance de l’Ukraine inférieures de 2 millions de tonnes à celles de l’an dernier.

 

Cette nouvelle plutôt baissière a rapidement été contrecarrée mardi 26 et jeudi 28 janvier 2021 par deux gros achats de maïs US par la Chine (1,36 puis 1,7 million de tonnes), portant les ventes US vers ce pays à presque 14 millions de tonnes pour la campagne en cours. Nous prévoyons que les Ètats-Unis (USA) exporteront au total entre 17 et 20 millions de tonnes vers le géant asiatique (contre 3 millions de tonnes seulement lors de la campagne passée).

 

La vente récente vient confirmer le fort besoin chinois et indique que ce dernier est peut-être encore plus fort que prévu. Cela a fait grimper encore les prix du maïs sur le marché mondial cette semaine. Le maïs US a gagné près de 10 $/t, à 246 $/t Fob, et a tiré les maïs argentins, ukrainiens et brésiliens. Le maïs français suit le mouvement et s’apprécie de 2 €/t Fob Rhin (à 225 €/t) et Fob façade atlantique (à 217,75 €/t) en base juillet.

Les orges françaises de marbre malgré l’achat de l’Arabie Saoudite

Le marché de l’orge a été animé par le gros achat de l’Arabie Saoudite cette semaine. Ce pays a contracté 660 000 tonnes pour livraison entre le 15 mars et le 15 avril 2021, un volume plus important que celui annoncé dans l’appel d’offres. La Jordanie, de son côté, a acheté 120 000 tonnes pour chargement sur juin-juillet.

 

Les prix russes ont bondi de 25 $/t dans la semaine (à plus de 250 $/t Fob), suggérant que la Russie sera une des principales origines à servir la vente faite à l’Arabie Saoudite.

 

Les prix français, eux, sont restés stables, à 210,75 €/t rendu Rouen (base juillet). Ils ont baissé en dollar (–2 $/t, à 266 $/t) à la suite de la chute de l’euro face au dollar. Les exportations vers les pays tiers des orges françaises sont « accaparées » par la Chine : cela a placé depuis longtemps les orges françaises à un niveau de prix très supérieur aux prix russes si bien que la montée des prix russes n’affecte pas, pour l’instant, les prix français.

 

Sur le créneau brassicole, les prix ont chuté légèrement de 3 €/t, à 210 €/t Fob Creil, pour les orges d’hiver et de printemps, les conditions sanitaires se détériorant.

La flambée des huiles végétales se poursuit

Les huiles végétales se sont encore fortement appréciées cette semaine. L’huile de soja à Chicago continue de flirter avec les plus hauts niveaux atteints depuis 7 ans. L’accélération des ventes de biodiesel en Argentine cette semaine y a contribué.

 

Du côté de l’huile de palme, l’Indonésie vient d’annoncer une hausse de ses taxes à l’exportation à partir de février et cela a aussi poussé les prix vers le haut.

 

L’huile de colza Fob Rotterdam suit le mouvement ; son prix a grimpé de plus de 20 €/t cette semaine à la suite de rumeurs d’achat de la part de la Chine pour un volume de 20 000 tonnes.

 

Il est à noter toutefois le petit affaissement des prix du pétrole qui constitue un élément modérateur pour le prix des huiles. Le pétrole réagit en effet aux annonces du nouveau gouvernement US de respecter ses engagements climatiques, aux incertitudes montantes aussi concernant le retour à la normale de l’activité économique.

Soja et tourteaux s’affaissent de nouveau

Avec le contexte porteur en huile, le prix de la graine de soja a d’abord remonté au début de la semaine et a ensuite régressé. Au final, par rapport au jeudi 21 janvier 2021, le soja a perdu un peu de terrain cette semaine, à 499 $/t pour l’échéance de mars sur Chicago (–5 $/t).

 

Le retour des pluies en Amérique du Sud continue de peser d’une part. Les ventes US ont été inférieures aux attentes d’autre part avec une activité peu dynamique cette semaine vers la Chine. Enfin, la fin des blocages qu’exerçaient des routiers sur les arrivées aux ports en Argentine a aussi détendu l’atmosphère.

 

Malgré tout, les prix du soja restent élevés, soutenus par les incertitudes concernant la taille de la récolte brésilienne à venir face à une demande importante. En l’absence de stocks résiduels au Brésil où les premiers volumes de la nouvelle récolte ne devaient être chargés qu’à partir de la mi-février, la demande chinoise en soja US va rester très importante. En outre, la concurrence entre exportateurs et triturateurs aux USA est accrue par les marges de trituration très attractives constatées jusqu’à la fin de la campagne.

 

Les prix des tourteaux s’affaissent aussi cette semaine, de 14 $/t à Chicago, à 469 $/t, et de 5 €/t à Montoir, à 466 €/t. Les tourteaux suivent l’évolution de la fève et reflètent aussi la reprise de l’activité de trituration et d’exportation en Argentine après la baisse de décembre 2020. La normalisation de la logistique en cours en Argentine (fin de la grève des routiers) devrait en effet permettre d’accroître les volumes de tourteaux de soja disponibles sur le marché de l’exportation.

 

Que ce soit pour les tourteaux et les graines, l’affaissement en cours intervient après que les prix ont touché des sommets au début de janvier à la suite des inquiétudes en Amérique du Sud. Ces prix demeurent élevés.

Le colza français profite de la tension canadienne

Les prix du colza résistent cette semaine à l’affaissement du soja : ils gagnent 9 €/t à Rouen, à 445 €/t, et 9,5 €/t Fob Moselle, à 442,5 €/t. La graine est portée par l’évolution de l’huile qui s’est nettement appréciée cette semaine.

 

Le colza français est aussi influencé par son homologue canadien qui continue de s’envoler (+22 $/t cette semaine). La demande mondiale en canola canadien est restée très soutenue durant les mois d’hiver. Au 17 janvier 2021, les exportations canadiennes sur la campagne étaient en hausse de 40 % par rapport à l’an dernier. La flambée du cours canadien entraîne ainsi en hausse les prix des colzas concurrents.

 

En parallèle, l’huile de colza européenne est récemment devenue attractive par rapport aux autres huiles pour la filière agroalimentaire. En plus de la vente récente d’huile de colza à la Chine, cela contribue aussi à faire rebondir le prix de l’huile de colza malgré les faibles besoins de l’industrie du biodiesel (restreints par les mesures de confinement au sein de l’Union européenne).

Stabilité pour le tournesol français

En Ukraine, le tournesol gagne 20 $/t cette semaine (à 685 $/t Fob), tiré par la hausse du prix de l’huile (à la suite de l’huile de soja) et le manque de disponibilité de graines de tournesol dans le pays. Cela n’affecte toutefois pas les prix des tournesols français, stables sur la semaine, mais qui demeurent très élevés, dans le sillage de l’huile à Rotterdam et du prix des graines de la mer Noire.

 

À suivre : comportement des producteurs russes, achats chinois, climat sud-américain, évolution de la situation sanitaire, récoltes de soja en Amérique du Sud, conditions climatiques pour les cultures d’hiver dans l’hémisphère Nord.