Les indicateurs sont au vert pour le bioéthanol, malgré la crise du Covid. Les acteurs de la filière se sont félicités le 26 janvier 2021 lors d’une visioconférence de presse, des bonnes perspectives de croissance du biocarburant pour cette année. Il devrait rester sur sa lancée de 2020 durant laquelle le SP95-E10 (10 % de bioéthanol) a atteint une part de marché de 48,5 % (47,6 % en 2019), avec un record 50,6 % en décembre.
Cela en fait la première essence de France. « Il est vendu 3,7 centimes d’euro le litre moins cher que le SP95 en moyenne dans la même station-service », annonce Nicolas Kurtsoglou, responsable des biocarburants au SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcool agricole). L’ancienne essence SP95 est, quant à elle, destinée à disparaître, considèrent les professionnels du secteur.
Hausse de 4 % de la consommation de superéthanol E85
De leur côté, les volumes consommés de superéthanol E85 ont progressé de 4 % en 12 mois, malgré la baisse de 14 % du marché des essences due à la crise sanitaire et aux confinements. Désormais, une station sur quatre distribue ce biocarburant (essentiellement Total et Intermarché), soit une hausse de 32 % comparativement à la fin de 2019.
« Vendu à 0,66 € le litre à la pompe en moyenne, deux fois moins que le SP95-E10, il permet d’économiser plus de 500 euros par an pour 13 000 km parcourus, par rapport aux autres essences, estime la filière. Cet avantage découle de la reprise de la hausse des prix des carburants classiques depuis le début de novembre avec +10 centimes pour le SP95-E10 et +11 centimes pour le gazole. »
Changement de braquet
Le contexte réglementaire reste par ailleurs favorable au bioéthanol, avec la décarbonation du secteur des transports à l’horizon de 2050 prévue dans le pacte vert (Green Deal) de l’Union européenne actuellement en discussion.
Dans ce cadre-là, la réduction des gaz à effet de serre (GES) passerait de 40 % actuellement à 55 % en 2030. Un objectif qui va impacter en profondeur le secteur des transports, première source d’émission de GES de l’Union européenne.
Ainsi, la directive européenne Red II, adoptée en 2018, devrait être révisée. Elle établit aujourd’hui un objectif de 14 % d’énergies renouvelables dans les transports d’ici à 2030. L’Union européenne souhaitant aller encore plus loin avec le pacte vert, « cet objectif devrait passer à 24 % dans le cadre de la révision de cette directive Red II.
C’est un changement de braquet considérable, même si ça ne concerne pas que les biocarburants ! », considère Nicolas Rialland, directeur des affaires publiques et de l’environnement à la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves). Cette révision devrait définir la part et la nature des biocarburants qui y contribueront.
Mutualisation demandée
Par ailleurs, « au niveau français, l’objectif d’incorporation de biocarburants dans les essences (en énergie) a été augmenté à 8,6 % pour 2021, puis à 9,2 % pour 2022 (8,2 % en 2020).
La part de l’éthanol issu de résidus sucriers et amidonniers est fixée respectivement à 0,8 % et 1 % (0,4 % en 2020), au-delà du plafond de 7 % dans l’Union européenne pour les biocarburants de première génération. »
La filière demande un « aménagement de ce plafond via une mutualisation dans les 27 États membres », certains pays étant moins avancés que d’autres dans le développement de biocarburants.