« Les stocks mondiaux de maïs de fin de campagne retiennent l’attention car ils sont au plus bas depuis cinq ans », a expliqué Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer ce 17 novembre 2020. Cette situation se traduit sur l’évolution des cours du maïs qui sont au plus haut depuis 2014.

 

Avec 296,5 millions de tonnes, les stocks initiaux sont en forte baisse pour la campagne de 2020-2021, 30 millions de tonnes en dessous de la campagne précédente. Les bilans montrent également que la production mondiale reste élevée (1 155,6 millions de tonnes), mais avec des révisions successives à la baisse.

 

La céréale progresse fortement pour les débouchés en alimentation animale avec 699 millions de tonnes (+8 millions de tonnes par rapport à 2019-2020) et domine pour les débouchés industriels avec 303 millions de tonnes (sur 365 millions de tonnes toutes céréales confondues), soit une hausse de 8 %, du fait du retour à des besoins normaux en biocarburants et au besoin en produits désinfectants avec la crise du Covid-19.

Production américaine en baisse mais exportations records

Si bien que les stocks en fin de campagne prévus chutent de 17 millions de tonnes pour atteindre 278 millions de tonnes. Ce qui se traduit par un bilan de fin de campagne possible extrêmement tendu pour le maïs. Pourquoi ? Le dernier rapport de l’USDA (département américain à l’Agriculture) du 10 novembre 2020 s’avère extrêmement haussier pour le maïs en amputant la production mondiale de 14 millions de tonnes, à 1 144,63 millions de tonnes, ce qui se répercute sur les stocks. Mais surtout parce que la production des États-Unis est revue en baisse de 5,5 millions de tonnes, à 368,5 millions de tonnes, et que les exportations sont annoncées à 67,3 millions de tonnes (+8,3 millions de tonnes), un record pour le pays.

 

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Hausse des achats chinois

Cette progression des exportations américaines trouve son origine essentiellement dans la hausse des achats chinois (estimés entre 13 et 22 millions de tonnes selon les sources). La Chine devance, de loin, le premier acheteur traditionnel du maïs américain, le Mexique.

 

Les États-Unis doivent donc ponctionner dans leurs stocks pour assurer leur programme d’exportation. « La demande de la Chine bouleverse la physionomie du marché mondial », développe Marc Zribi.

Tendu aussi en Ukraine et dans l’Union européenne

Par ailleurs, l’Ukraine voit sa production et ses exportations révisées à la baisse (–8 millions de tonnes), avec respectivement à 28,5 millions de tonnes et 22,5 millions de tonnes. Les éleveurs ukrainiens ont demandé de limiter l’exportation de maïs du pays faisant suite à la forte hausse des prix.

 

La situation est donc plus tendue qu’anticipé, comme dans l’Union européenne à 27, où la production de maïs est réduite de près de 2 millions de tonnes, à 64,2 millions de tonnes. Les importations européennes sont, quant à elles, en hausse à 22 millions de tonnes et sont davantage originaires du Brésil au détriment de l’Ukraine sur cette campagne.

Exportations françaises dynamiques

En France, les exportations sont très dynamiques, avec 4,54 millions de tonnes (+9 % comparé à 2029-2020). « C’est une situation assez exceptionnelle avec un marché dynamique sur ce début de campagne, estime Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre. L’offre française présente une bonne compétitivité sur le marché de l’Union européenne dans un contexte où l’Ukraine, un des premiers fournisseurs, se retrouve avec un moindre disponible exportable.