Une équipe internationale de scientifiques, coordonnée par l’Inrae et l’Université de Bonn (Allemagne), impliquant le CNRS, a montré que si le potentiel de fixation du carbone dans le sol était utilisé plus efficacement, il permettrait de réduire d’un tiers l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Les rendements agricoles augmenteraient « de manière significative » dans de nombreuses régions du monde. Plusieurs actions peuvent être mises en place.
Objectif « 4 pour 1 000 »
« Durant la dernière décennie, les émissions de carbone causées par les activités humaines étaient en moyenne de 4,9 gigatonnes par an. Pour limiter le changement climatique, il est nécessaire de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, indique l’Inrae dans un communiqué le 27 octobre 2020. Grâce à la matière organique qu’ils contiennent (issue des plantes, des micro-organismes), les sols des écosystèmes terrestres stockent deux ou trois fois plus de carbone que l’atmosphère. »
L’augmentation annuelle du stock de carbone de 0,4 % (ou 4 pour 1 000) dans les 40 premiers centimètres du sol serait, en théorie, « équivalente à l’augmentation des émissions de carbone annuelles causées par les activités humaines », explique l’institut.
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Collecter des données
Dans un article publié le 27 octobre 2020 dans Nature Communication, les scientifiques proposent plusieurs actions pour favoriser le stockage du carbone dans le monde, à commencer par des mesures locales. Face à la disparité des propriétés des sols et des pratiques culturales, ils proposent « la mise en place de bases de données qui enregistrent l’état des terres, une modélisation des gains en rendement possibles et de l’utilisation des engrais nécessaires pour cela. »
Un manque d’information existe cependant dans les pays en voie de développement. « Dans ces pays, des mesures de restauration des sols agricoles peuvent être établies localement en impliquant les agriculteurs et les parties prenantes qui sont généralement bien informés sur l’état de leurs sols, suggèrent les chercheurs. Un des points clés à mettre en place pour favoriser les mesures de gestion durable des sols est de développer les outils de mesure, comme les plateformes intégrées de mesure et de modélisation prédictive de l’évolution des stocks de carbone pour accompagner les décideurs dans leur démarche ». Aux États-Unis, l’université du Colorado développe et teste actuellement un prototype.
Encourager les actions locales
« Les mesures économiques et sociales les plus efficaces pour la mise en place de programmes de séquestration du carbone dans le sol se sont révélées être celles impliquant la collaboration de multiples parties prenantes comme les organisations non-gouvernementales, les entreprises privées et les acteurs locaux », souligne l’Inrae, rappelant que des multinationales de l’agroalimentaire se sont engagées pour réduire significativement leurs émissions de gaz à effet de serre, à la demande des consommateurs.
À travers l’étude de nombreux exemples, les scientifiques ont ainsi identifié trois points à prendre en compte pour que de futures mesures soient efficaces :
- L’engagement des marchés agricoles et des industries liées dans ces mesures ;
- L’encouragement des actions de petite échelle impliquant plusieurs acteurs locaux ;
- L’amélioration des capacités locales de gestion des sols.