« Les rendements de 2020 ont été globalement en retrait, et très hétérogènes même à des échelles très locales, en fonction des profondeurs de sols », a indiqué François Laurent, directeur de la recherche et du développement d’Arvalis, qui a dressé, le 16 septembre 2020, le bilan de l’année de la moisson.
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Un automne d’abord sec puis humide
Le début de la campagne a été marqué par un passage rapide entre deux situations extrêmes : d’un mois de septembre très sec à un automne très humide. « Les implantations ont été difficiles à partir de la mi-octobre, entraînant des retards de semis, notamment sur le blé.
Les pucerons ont été présents dès le début de l’automne, en faible abondance, mais de façon fréquente, liée à l’absence de traitement de semences et des difficultés de traitements en végétation », résume François Laurent. La présence des pucerons s’est étalée sur une longue période, l’hiver ayant été doux et humide, favorisant ainsi la prolifération des virus.
« Au printemps, le passage d’excès d’eau importants à des conditions très sèches en mars et avril a entraîné des montées à épi perturbées pour les céréales, en particulier les blés. Cette situation sèche a aussi compliqué la fertilisation azotée », poursuit-il.
Sécheresse au printemps
Le retour progressif des pluies a cependant oublié le quart nord-est de l’Hexagone, et le stress hydrique a été croissant dans ce secteur. « La sécheresse a entraîné peu de maladies foliaires mais des jaunissements inhabituels sont apparus (certainement de la JNO combinée à des facteurs abiotiques comme le stress hydrique ou l’amplitude thermique) surtout sur orge de printemps », complète-t-il.
Un retour à des conditions de fin de cycle plus favorables a eu lieu au début de l’été. « Les cultures ont été très en avance à la fin de mai, induisant des dates de récoltes précoces. »
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Excellente qualité des blés tendres
Malgré des rendements en berne, les blés tendres de la récolte de 2020 présentent des teneurs en protéines « bonnes, voire très bonnes, avec une moyenne nationale à 11,6 %, a indiqué Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. Le troisième apport d’azote a été bien valorisé. Plus de la moitié de la collecte dépasse 11,5 % de protéines. »
« Les poids spécifiques sont satisfaisants. Ils atteignent 79,2 kg/hl en moyenne, et presque tous les blés dépassent le seuil de 76 kg/hl », poursuit-elle. Les teneurs en eau sont basses, ce qui permettra une bonne conservation des grains. « Par ailleurs, les indices de chute de Hagberg observés répondent aux exigences des utilisateurs avec 95 % des volumes collectés supérieurs à 240 s. »
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Les blés tendres présentent de bonnes caractéristiques boulangères, aptes à satisfaire toutes les utilisations en panification. « Au total, plus de 80 % des blés tendres français récoltés en 2020 sont de qualité premium et supérieur selon la grille de classement d’Intercéréales qui croise l’ensemble des critères qualitatifs », indique Marion Duval.

Qualité satisfaisante en blé dur également
Les blés durs destinés à la fabrication de semoule et de pâtes présentent également de bonnes qualités avec notamment un taux de protéines de 14,2 % en moyenne nationale, une bonne vitrosité et de faibles taux de grains germés, fusariés ou mouchetés.