« L’année prochaine, j’ai peur de devoir systématiser le traitement insecticide d’automne sur les orges dans les parcelles qui jouxte les bois, explique Étienne Accault, agriculteur à Brou (Eure-et-Loir). C’est dommage, mais je n’ai pas le choix. » La photo de sa parcelle d’escourgeon prise par un drone est parlante : la présence de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) semble corrélée à la présence de bois en bordure de champs.
La Jaunisse Nanisante de l'Orge (JNO), est une maladie de l'orge issue d’une combinaison dévastatrice entre des pucerons porteurs qui piquent les feuilles et transmettent ainsi le virus.
— Accault Étienne (@AccaultE) June 10, 2020
Une fois dans l’orge le virus se multiplie. La plante va se nanifier, se dessécher et meurt pic.twitter.com/qOI80o6pET
« Plus loin dans cette parcelle, là où il n’y a plus de bois, la culture est beaucoup moins touchée », précise-t-il. Selon lui, « la forêt abrite des insectes auxiliaires mais aussi des ravageurs et des pucerons porteurs de virus ».
Le céréalier estime que l’interdiction du Gaucho (néonicotinoïde) a des conséquences immédiates dans son secteur ; ce traitement de semences permettait de lutter contre les ravageurs d’automne vecteurs de la JNO sans pour autant devoir réintervenir par un insecticide de contact à l’automne.
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Un virus particulièrement actif
« Je n’avais pas traité à l’automne car la pression n’était pas très élevée. Les bulletins de la BSV (bulletin de santé du végétal) et de la coopérative m’avaient conforté dans cette position. Rien n’annonçait de gros dégâts, raconte-t-il. J’essaye toujours de bien raisonner mes traitements et d’intervenir le moins possible. »
Mais l’hiver a été très doux et a favorisé le développement des ravageurs porteur du virus. Au printemps, il s’est rendu compte petit à petit des dégâts. Selon lui, outre la pression importante des pucerons, c’est aussi la charge virulifère qui était particulièrement forte : « Habituellement, les pieds touchés végètent et font quelques grains. Cette année, ils se sont desséchés et sont morts, comme on peut le voir sur la photo. »

L’agriculteur envisage aussi d’utiliser une variété d’orge tolérante à la JNO, l’Amistar, même s’il est un peu déçu par son rendement et qu’elle ne figure pas dans les variétés brassicoles.
Il a hésité à ressemer la bande attaquée par les pucerons avec une culture de printemps. Il ne l’a finalement pas fait. Mais certains de ses voisins ont dû retourner l’intégralité de leur parcelle afin de la réimplanter.
Étienne Accault utilise aussi l’application « Companion » pour mieux anticiper l’arrivée des pucerons. Il souhaite que les agriculteurs de son secteur le rejoignent afin de constituer un maillage d’observation plus complet.