Dans son rapport mensuel, publié le mardi 12 juillet 2022, l’USDA, ministère américain de l’Agriculture, table sur 771,64 millions de tonnes (Mt) de blé récoltées lors de la campagne de 2022-2023, contre 773,43 Mt estimés le mois dernier. S’il se confirmait, ce chiffre serait inférieur aux récoltes de 2020-2021 (775,71 Mt) et de 2021-2022 (779,03 Mt).

Baisse en Ukraine et UE

Cette révision est liée à la baisse des volumes attendus en Union européenne (–2,0 millions de tonnes), et au fait que « le temps sec a diminué les projections de rendement pour l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne », a expliqué le ministère américain.

 

L’USDA a aussi réduit son estimation de production de blé pour l’Ukraine, également de 2 millions de tonnes, évoquant une diminution des surfaces moissonnées. À la mi-juin, le ministère ukrainien de l’Agriculture avait indiqué prévoir désormais une production comprise entre 18 et 20 millions de tonnes de blé, l’USDA retenant désormais 19,5 millions de tonnes, contre 21,5 précédemment.

 

« Il est intéressant de voir qu’ils maintiennent les prévisions d’exportation de blé ukrainien à 10 millions de tonnes », a relevé Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel. « C’est le signe qu’ils ne tablent pas sur une aggravation de la situation. »

Compensé par une hausse au Canada, aux USA et en Russie

La contraction des récoltes attendues dans l’Union européenne (UE) et en Ukraine a été partiellement compensée par un relèvement des projections pour le Canada, les États-Unis et la Russie. Pourtant, plusieurs observateurs, dont Gautier Le Molgat et Andreï Sizov, du cabinet SovEcon, jugent trop bas les chiffres du ministère américain pour la Russie, même relevés.

 

« Sur le marché américain, l’USDA remonte la perspective de production, du fait d’une réévaluation des surfaces récoltées et conséquence d’une hausse des rendements », a expliqué Gautier Le Molgat.

 

Par ailleurs, malgré le recul de la production estimée au niveau mondial, les prévisions de stocks de fin de saison ont été augmentées, en bonne partie du fait d’une consommation animale plus faible.

Production quasi inchangée en maïs

 

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L’USDA prévoit moins de changements pour le maïs. La prévision de production est quasi inchangée. Les stocks de fin de période ressortent néanmoins plus élevés qu’en juin 2022, du fait d’une augmentation des réserves de début de campagne.

 

En revanche, pour les pays étrangers, les prévisions prévoient une production maïs en baisse, avec des réductions pour la Russie, l’Union européenne, et le Kenya partiellement compensée par une augmentation pour le Paraguay.

 

La production de maïs de la Russie est en effet réduite en raison d’une réduction de la superficie. La production de maïs de l’UE est réduite compte tenu d’une baisse prévue pour l’Italie.

Production de soja toujours attendue en progression

 

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Quant au soja, les variations sont encore plus modestes, avec toujours une production attendue au-dessus de celles des deux campagnes précédentes.

 

On note toutefois une production de soja réduite pour le Canada. Gautier Le Molgat signale de plus la baisse marquée des importations chinoises, « notamment du fait de la crise économique et du contexte sanitaire ».

Peu de réactions du marché

« Les chiffres de l’USDA sont conformes aux attentes », a commenté Jake Hanley, de Teucrium Trading, et ont peu fait réagir le marché, uniquement préoccupé mardi par des facteurs externes, en premier lieu le spectre d’une détérioration de l’économie.

 

« La tendance est de se positionner pour une récession et de se désengager des actifs qui jouaient l’inflation », dont faisaient partie les matières premières agricoles, au même titre que le pétrole, a souligné le gérant.