L’élevage est une richesse pour les grandes cultures, souvent sous-estimée. Pour Claire Ramette, chef de projet à Agro-Transfert RT (1), les exploitations de grandes cultures et les fermes d’élevage, dans un même secteur, devraient travailler davantage de concert.
Des avantages multiples
De même, au sein des exploitations de polyculture-élevage, les synergies entre les ateliers ne sont pas toujours exploitées. Les avantages sont pourtant multiples. Ainsi, à Fleurbaix, dans le Pas-de-Calais, Jean-Marc Burette a rencontré de grosses difficultés de gestion des mauvaises herbes dans le maïs. « Comme mes surfaces en cultures sont limitées et que j’avais besoin de 40 ha de maïs, je ne parvenais pas à faire de rotations et je semais beaucoup de maïs sur maïs, indique-t-il. Résultat, j’ai dû faire face à d’importants problèmes de mauvaises herbes résistantes. »
Pour sortir de cette impasse, l’exploitant s’est rapproché de ses voisins agriculteurs en grandes cultures. « Nous avons décidé d’échanger des parcelles afin de mettre en place une meilleure rotation intéressante, ajoute l’éleveur. Mes terres accueillent désormais des pommes de terre, des oignons et des betteraves sucrières, en plus des céréales et du maïs. » Le coût de désherbage de cette culture est passé de 150 €/ha auparavant à 50 €/ha aujourd’hui, et son IFT (indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) maïs est revenu au niveau de la moyenne régionale. Ses voisins en tirent eux aussi un bénéfice. Les échanges leur ont permis d’allonger leurs rotations.
Un contrat gagnant-gagnant en luzerne
Autre exemple, celui d’Hélène et Amaury Beaudoin, éleveurs bio à Villers-sur-Auchy, dans l’Oise. Ils ont mis en place un partenariat sur le long terme avec un voisin céréalier, en bio également. « Nous ne produisions pas assez de fourrage. Lui avait besoin de luzerne dans son assolement pour apporter de l’azote à ses sols et réduire la pression des adventices, précise l’agricultrice. Chaque année, nous lui achetons 7,7 ha de luzerne sur pied et notre voisin valorise correctement la légumineuse qu’il a introduite dans sa rotation. » Tout le monde est gagnant.
Bruno Meura, à Esquéhéries, dans l’Aisne, a, quant à lui, optimisé la synergie entre son élevage laitier et ses surfaces cultivées. « Sur mes 115 ha de SAU, je ne peux pas épandre d’effluents d’élevage sur 33 ha car ils sont situés à moins de 100 m des habitations, souligne l’agriculteur. Avant, j’achetais des engrais de synthèse pour ces parcelles et j’avais globalement une charge trop importante en effluents pour le reste de la ferme. J’ai investi dans un séparateur de phases pour le fumier. La partie liquide est épandue et enfouie dans les parcelles qui le permettent. La partie solide est transformée en compost. Comme ce dernier n’a pas d’odeur, je peux l’épandre sans problème près du village. »
L’éleveur répartit ainsi mieux ses effluents sur l’ensemble de l’exploitation et il n’achète plus d’engrais azoté.
B. Cailliez
(1) Conclusions du projet Complémentarité cultures-élevage, conduit entre 2016 et 2020, par le consortium Agro-Transfert RT chambres d’agriculture des Hauts-de-France, l’Inrae et l’Idele, et présentés lors de trois conférences en février 2021.
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