Au dos des paquets de farine « Savoir Terre » se trouve un code QR qui, une fois scanné avec son téléphone, révèle l’identité du producteur de blé (système blockchain). L’acheteur est susceptible de voir apparaître une photo de Valérie et Laurent Bruère, dont l’exploitation de 200 ha, située à Sainte-Gemmes, dans le Loir-et-Cher, fait partie des neuf à avoir intégré cette filière de la coopérative Axéréal. Depuis 2018, les Bruère engagent un volume de 120 t par an de blé panifiable supérieur, transformé en farine dans un moulin d’Axiane Meunerie (filiale d’Axéréal) dans la Vienne, avant de se retrouver en sachets de 1 kg dans les rayons des grandes et moyennes surfaces.

Lien avec le consommateur

Pour le couple polyculteur et éleveur de volailles, cette farine tracée est avant tout une façon de créer un lien avec les consommateurs. « La société s’éloigne de nous, agriculteurs. Humainement, je l’ai mal vécu, confie Laurent Bruère. Nous avions envie de transparence, pour regagner sa confiance. » Le cahier des charges « Savoir Terre », qui découle de la démarche CultivUp d’Axéréal, s’inscrit comme une continuité pour eux. « Nous cochions déjà beaucoup de cases : pilotage de fertilisation azotée au moyen d’un OAD, utilisation de semences certifiées, pas d’insecticide pour le stockage du grain, raisonnement des traitements à l’aide d’un technicien… La seule charge supplémentaire pour nous est l’enregistrement de toutes les interventions culturales dans le logiciel d’Axéréal, Synchroo. »

Des ruches à la ferme

Une particularité de « Savoir Terre » est l’obligation d’avoir des ruches au sein de l’exploitation, en partenariat avec un apiculteur, si l’agriculteur ne l’est pas lui-même. Valérie Bruère, par volonté d’apprendre une nouvelle compétence, avait justement entrepris une formation apicole. « J’ai fait ma deuxième récolte de miel cette année », se réjouit-elle. Les abeilles peuvent s’alimenter sur les jachères mellifères de l’exploitation, environ un hectare pour le moment, et dont la surface devrait augmenter avec la mise en place des zones de non-traitements près des habitations.

Contrat pluriannuel

Laurent Bruère, qui gère plutôt la partie « culture » de l’exploitation, sélectionne avec soin les parcelles où sera implanté le blé, privilégiant les meilleurs potentiels. « On le bichonne », s’amuse-t-il. Il sélectionne les variétés parmi un catalogue imposé par le cahier des charges.

Les contrats « Savoir Terre » durent trois ans et garantissent un prix fixe. « Ce n’est pas tant le prix, revalorisé, qui nous a attiré que ce qu’il y a derrière : le sérieux, la traçabilité. C’est un engagement fort », rapporte Laurent Bruère. La communication et la promotion de la démarche font partie de leur mission, perturbée toutefois par la pandémie. « En fin d’année dernière, nous avons rencontré tous les producteurs de la démarche. Nous devions faire une animation “crêpes” en grandes surfaces, qui a été annulée », déplore le couple. La farine a cependant rencontré son succès pendant le confinement mais aussi après, et les Bruère savent déjà qu’ils renouvelleront leur contrat. « Une fois, nous sommes tombés sur notre propre lot de farine en flashant le code : c’est positif et une fierté ! »

Justine Papin

[summary id = "10021"]