Si le sarrasin, ou blé noir, est cultivé de longue date en Bretagne, ces dernières années, il est sorti de sa zone traditionnelle et intéresse aussi des agriculteurs en Champagne ou dans les Hauts-de-France. « C’est une culture rustique, implantée surtout en dérobée chez nous, derrière des pois de conserve ou de l’orge d’hiver », explique Laurence Legrand, conseillère production végétale à la chambre d’agriculture de l’Oise. « Toutefois, cette année, à l’échelle de la coopérative, 800 hectares ont été ensemencés en culture principale, souligne Valentin Seguin, responsable de mise en marché chez Cérésia, présente en Picardie et Champagne. Ils ont été implantés après des colzas retournés ou dans des parcelles qui devaient accueillir des cultures qui n’ont pas pu être semées au printemps. »
Récolte délicate
Le sarrasin valorise bien l’azote au semis. « Il ne nécessite pas d’interventions phytosanitaires, d’où son intérêt en bio, note Laurence Legrand. Il a même un effet allélopathique, c’est-à-dire qu’il inhibe la germination des adventices présentes dans la parcelle. » Le blé noir est, cependant, fortement déconseillé avant les betteraves car il pose des problèmes de désherbage.
L’opération la plus délicate de la culture est la récolte. « Dans l’Oise, elle se déroule en octobre, voire novembre, après la première gelée qui stoppe le cycle de la plante », précise-t-elle. Il est ensuite nécessaire de sécher les graines. Mais il arrive de perdre la récolte si les conditions climatiques sont trop humides à l’automne. « Le plus gros inconvénient du sarrasin est son rendement, qui va de 0 à 25 q/ha, poursuit la conseillère. Côté débouchés, des filières avec productions sous contrat voient le jour. »
Le blé noir est surtout consommé en Bretagne, où il sert à la fabrication des galettes. Mais il séduit aussi les meuniers d’autres régions car il est exempt de gluten. C’est le cas des Moulins Waast, dans le Nord. La production française est, loin de couvrir la demande. « C’est ce qui nous a poussés à nous intéresser à la culture, indique Valentin Seguin. La coopérative en a produit 200 tonnes en 2019 et s’apprête à passer à 1 200 tonnes cette année. » Les Moulins Waast et Cérésia, proposent des productions sous contrat à 500 €/t sec, mais chez d’autres organismes stockeurs, le prix des graines est nettement moins élevé.
Blandine Cailliez
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