«Je me suis intéressé à mes sols en passant en bio en 1999. À dominante sableuse, ceux-ci étaient acides, pauvres en matière organique et facilement compactés. En vingt ans, le pH est remonté de 4,5 à 6,5 et le taux de matière organique de 1 à 3,5 %. La structure s’est améliorée, et les racines explorent un volume de sol beaucoup plus grand qu’avant », constate Christian Soler.

Installé à Saint-Génis-des-Fontaines, dans les Pyrénées-Orientales, il cultive 45 hectares de vergers avec cinq associés. Il a commencé par chauler pour redresser le pH. Puis, il a fait des apports massifs de matière organique, au fur et à mesure du renouvellement du verger. « J’épands 100 t/ha de compost à la plantation, puis 10 t/ha en entretien chaque année », précise Christian. Pour élaborer son compost, il récupère des déchets verts et y ajoute des préparations spécifiques à la biodynamie. « Elles agissent comme un levain et activent l’évolution du compost », explique-t-il.

Bandes fleuries

Aujourd’hui, la faune du sol s’est diversifiée. L’arboriculteur observe davantage de vers de terre ou de carabes. « Le sol est actif, la matière organique se décompose bien », note-t-il.

Les lignes de microjets arrosent une bande d’un mètre de large de part et d’autre du rang. Celui-ci est travaillé avec une lame équipée de rasettes, sur une largeur de 30 cm. Un disque à l’arrière du tracteur renvoie la terre au pied des arbres. Les deux espaces sont encadrés par deux bandes fleuries, qui se ressèment seules d’un an sur l’autre, l’irrigation facilitant leur levée. « Il y a une diversité d’espèces, qui fleurissent de mars jusqu’à l’été et fournissent du nectar aux auxiliaires », ajoute Christian.

Les bandes fleuries et l’inter-rang ne sont pas travaillés. Ce dernier porte un enherbement naturel diversifié, dont les racines ameublissent le sol. « Nous ne tondons pas, nous couchons seulement l’herbe au rouleau, en même temps que nous désherbons le rang », précise-t-il.

Le producteur observe encore deux zones compactées en dessous des lignes de passage des roues du tracteur. « L’irrigation facilite la repousse des adventices, ce qui nous oblige à passer une dizaine de fois en saison pour éviter la concurrence de l’herbe », note-t-il. Mais la fertilité s’est déjà nettement améliorée, et malgré la pression des pucerons, Christian arrive à atteindre ses objectifs de rendement, de 15 t/ha en pêches et abricots et 20 à 25 t/ha en pommes et figues.

Frédérique Ehrhard

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