Le contexte climatique difficile de ces derniers mois, caractérisé par des pluies incessantes, complique le désherbage des céréales. Au champ, plusieurs cas de figure sont envisageables, impliquant un raisonnement à la parcelle. La première chose à faire consiste à visiter chaque champ afin de vérifier l’enherbement en identifiant les espèces présentes et leur stade.
Pour les semis classiques d’octobre, vulpin et ray-grass sont les deux espèces les plus communément rencontrées. « Quand un premier désherbage a été effectué avec des produits à base de flufenacet (Fosburi) seul ou associé à du prosulfocarb (Défi), la densité résiduelle est souvent faible, remarque Ludovic Bonin, spécialiste désherbage chez Arvalis. En absence de résistance avérée, une dose adaptée de sulfonylurée, de type Archipel Duo, Octogon ou Atlantis Pro, terminera le travail. »
Les situations de semis décalés à fin novembre, voire mi-décembre, sont plus fréquentes cette année, notamment sur la façade ouest et les Hauts-de-France. Malgré une densité moindre du vulpin pour les levées d’octobre en raison de sa biologie, il peut rester 50 plantes/m2. Par ailleurs, le retard de semis n’impacte pas le ray-grass apte à émerger en toutes saisons.
« Il est désormais trop tard pour les spécialités à base de prosulfocarb, même si réglementairement les applications sont acceptables jusqu’au stade tallage, explique le spécialiste. Très souvent à cette saison, des périodes de sol plus sec entraînent des diminutions d’efficacité. C’est pourquoi, la seule planche de salut demeure les sulfonylurées citées plus haut, proches de la pleine dose. »
En absence de résistance, Axial Pratic est une option intéressante sur les infestations de ray-grass ainsi que de folle avoine. Attention toutefois au respect des doses d’homologation, 1,2 1/ha sur blé tendre, mais 0,9 1/ha sur blé dur d’hiver et de printemps.
Semis après le 1er janvier
« Dans le cas des semis postérieurs au 1er janvier, les levées de vulpin devraient rester contenues, comme on le voit souvent sur orge de printemps. En revanche, il est possible de voir des infestations de folle avoine », alerte Ludovic Bonin. Sur les parcelles sans résistance, les foliaires de type Puma LS font le travail pour un coût modique. Avec des vulpins en plus, une spécialité comme Hussar Pro, qui allie la molécule du Puma LS et une sulfonylurée, le iodosulfuron-methyl, trouve sa place.
Si la plupart des sulfonylurées possèdent une action sur crucifères et matricaire, l’efficacité est trop moyenne ou irrégulière sur gaillet, coquelicot et véronique. D’autre part, les levées de renouées sont souvent postérieures à l’intervention principale. « La gestion du gaillet est très facile avec les produits à base fluroxypyr, type Starane 200, qui se mélangent avec les fongicides », rassure l’expert. Par contre, coquelicot et bleuet demandent souvent un passage spécifique avec, par exemple, Pixxaro EC ou un herbicide à base de clopyralid + 2,4 MCPA (Chardex) efficace aussi sur chardons. Enfin, les spécialités à base de florasulam (Primus, Nikos), utilisables de tallage jusqu’au stade deux nœuds, couvrent un large spectre allant du gaillet au coquelicot, en passant par la matricaire et les crucifères.
Vincent Thècle
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