Le litter bag fait partie d’un ensemble de tests, comme le test-bêche ou les nématodes, qui permettent d’évaluer l’impact des pratiques sur la biologie du sol, en particulier la dégradation des matières organiques. Ce test consiste à enfouir un sac qui contient de la « litière » (feuilles ou autres résidus de plante) et à mesurer le taux de sa dégradation en calculant sa perte en masse. Si la technique est connue depuis 1962, une méthode standardisée associée à un diagnostic a été développée récemment (lire l’encadré) dans le cadre du projet Casdar AgrInnov (2010-2015).

En 2017, la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher a accompagné cent agriculteurs qui ont enfoui des sacs sous terre, dans six types différents de sol. Les mailles fines (1 mm) du sac en nylon évitent l’intrusion d’insectes et de vers de terre, et permettent de se concentrer sur l’activité des organismes décomposeurs (bactéries, champignons, acariens), comme l’explique Dominique Descoureaux, responsable du pôle grandes cultures à la chambre d’agriculture. « Nous connaissons l’importance de la microflore du sol et de sa diversité, mais nous ne parvenions pas, jusqu’à maintenant à l’observer. Cette technique est simple à mettre en œuvre et visuelle. »

25 % de dégradation

Les litter bags, remplis de paille broyée, ont été déposés le 22 mars, à 10 cm de profondeur, à raison de trois par parcelle. Le 7 juin, ils ont été sortis, séchés à l’étuve pendant 48 heures à 60 °C, et pesés. Après 75 jours sous terre, le taux de dégradation a été en moyenne de 25 %. Un chiffre plutôt faible par rapport à la moyenne obtenue sur 120 jours sous terre par le laboratoire de l’Esa d’Angers, qui se situe autour de 41 %. Dans l’absolu, cela pourrait correspondre à une dégradation lente des résidus de culture principale, avec des conséquences agronomiques comme la gêne à l’implantation des cultures (résidus dans le lit de semence et mauvais contact sol-graine), ou des risques biotiques pour les cultures suivantes (les résidus de cultures peuvent être le support d’inoculum, champignons pathogènes).

Le faible taux de dégradation en 2017 peut s’expliquer par le manque de pluie – environ 100 mm sont tombés, contre 150-180 en moyenne – et le temps de présence assez court. Pour que la microflore soit active, il faut de l’humidité. Ce taux varie de 20 à 35 %, entre les parcelles, malgré des conditions pédoclimatiques similaires. Les pratiques culturales ont un impact sur la vie biologique du sol. « Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, nous n’avons pas trouvé de différence entre les parcelles sans labour depuis plus de dix ans et les parcelles retournées. Ceci est sans doute dû au faible taux de dégradation », relativise Dominique Descoureaux.

Bruno Granger, agriculteur à La Bosse fait partie du groupe qui a testé le litter bag : « Après vingt-cinq ans de couverts, je m’attendais à davantage de dégradation. Mais une année ne suffit pas… Il serait intéressant de connaître les pathogènes utiles ou néfastes à la vie du sol. »

Pour l’instant, aucune étude du litter bag ne s’est focalisée sur une seule pratique, le sans-labour par exemple. La vie microbienne du sol reste un vaste chantier à découvrir.

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