«En conventionnel, j’alternais pois et blé dur. En bio, j’ai introduit de la luzerne pour améliorer mes sols. Aujourd’hui, j’en cultive 15 à 20 hectares. Et j’ai diversifié mon assolement. Outre la luzerne, celui-ci comprend pois, blé dur, blé tendre, orge, avoine, lentille, cameline, méteil et moutarde. J’arrive ainsi à profiter des apports d’azote des légumineuses tout en limitant le salissement. Je partage aussi les risques et le travail, avec des semis qui s’étalent d’octobre à mai », explique Michel Grillères.

Installé sur 100 ha d’anciennes friches viticoles à Conques-sur-Orbiel, dans l’Aude, il pratique le semis simplifié pour réduire les coûts, avec un semoir Väderstad Carrier Drill. Dans ses petites terres, il cultive du blé en association avec de la luzerne. « Je commence par semer du blé dur. Puis au deuxième passage de herse étrille, en février ou mars, je sème en même temps la luzerne à la volée dans le blé avec un épandeur de granulés, à une dose de 25 kg/ha », détaille-t-il. La luzerne végète à l’ombre de la céréale, et démarre au premier orage après la moisson.

Apport d’azote gratuit

Michel laisse ensuite la luzerne en place deux ou trois ans. Chaque année, la première coupe est réalisée par un voisin éleveur. Puis la luzerne monte en graine. Moissonnée, celle-ci donne soit de la semence fermière, soit des graines à germer valorisées dans le cadre de la SCIC Graines équitables.

À l’automne, la luzerne est pâturée, ce qui réduit la pression de la cuscute et de la folle avoine, ou broyée pour apporter de l’azote avant un semis de blé. « Je décompacte le sol après une pluie, et je sème un blé dur ou un blé tendre panifiable dans cette luzerne. » Elle se maintient dans le blé, et reprend ensuite toute la place après la moisson.

« Nous avons sélectionné des luzernes de population rustiques et productives. Elles s’implantent lentement mais ont une bonne longévité, et se prêtent bien à une culture en association », explique Yann Bertin, un pionnier de ces techniques, engagé lui aussi dans la SCIC. « Pour le blé dur, nous utilisons la lignée Inra LA 18-23, et pour le blé tendre, un blé ancien de population fourni par le meunier avec lequel nous travaillons », précise-t-il.

En association avec la luzerne, Michel obtient un rendement de 30 q/ha en blé dur avec un taux de protéines supérieur à 12 %. Avec le blé tendre ancien, le rendement est plutôt de 25 q/ha. Après un pois, sur les meilleures terres il vise 35 q/ha en blé dur. « Mais là, sans luzerne, je dois apporter 500 kg/ha d’engrais organique 9-5-0 coûtant 285 €/t afin d’assurer un taux de protéines correct. »

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