Le groupe sucrier Cristal Union a affiché sa « sérénité » le 23 juin 2020 lors d’une visioconférence de présentation de ses résultats pour la campagne de 2019-2020 (clôturée au 31 janvier 2020). « Notre stratégie agricole, industrielle et commerciale porte ses fruits avec une amélioration de nos résultats, une gestion financière maîtrisée et des perspectives très rassurantes pour l’avenir », a indiqué Olivier de Bohan, le président du groupe.

 

La coopérative a pris l’an dernier la décision de fermer deux usines l’une à Bourdon (Puy-de-Dôme), l’autre à Toury (Eure-et-Loire) afin de réduire les coûts, de renforcer l’outil industriel et de rendre l’entreprise plus compétitive dans un contexte de crise de la filière. Cela « sans réduction de la production », se félicite Cristal Union.

Plan d’économie de 50 millions d’euros

« Cristal Union a mis en œuvre au cours des deux dernières années un plan d’économie de 50 millions d’euros et de réorientation de sa structure visant à pérenniser le développement de son activité et de celle de ses coopérateurs », rappelle le quatrième groupe sucrier européen dans un communiqué.

 

Il a aussi réalisé 65 millions d’euros d’investissement en 2019-2020 pour assurer l’optimisation de la production d’alcool à Arcis-sur-Aube (Aube), l’installation d’une chaudière à biomasse chez Cristanol, la certification bio de l’usine de Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret)…

165 135 ha emblavés en 2019-2020

Au niveau agricole et industriel, 165 135 hectares ont été emblavés en 2019-2020 contre 177 628 ha en 2018-2019). Le rendement betteravier a atteint plus de 83 t/ha, 130 000 t de betteraves par jour ont été transformées (contre 125 000 t) et le rendement de sucre avoisine les 13 t/ha (contre 12,3 t/ha). Cela alors que la campagne a été raccourcie de 22 jours, à 103 jours.

 

Pour la campagne en cours, Alain Commissaire, le directeur général du groupe, annonce une légère hausse des surfaces liée au transfert des planteurs de Saint Louis sucre vers l’usine de Sainte-Emilie (Somme) faisant suite à la fermeture par le groupe privé de la sucrerie d’Eppeville, dans la Somme. La durée de campagne devrait donc s’allonger d’une dizaine de jours.

 

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Redressement du marché du sucre européen

Du côté financier, « la rentabilité opérationnelle est en nette amélioration sur la fin de l’année 2019-2020, faisant suite au redressement du marché du sucre européen (+60 €/t, soit une hausse de 20 %), assure par ailleurs Cristal Union. Cette tendance se poursuit sur le début d’année en cours. »

 

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Chiffre d’affaires en baisse

En revanche, le chiffre d’affaires annuel est annoncé à 1,594 milliard d’euros, soit une baisse de 6 % comparée à l’exercice précédent. Ce qui satisfait néanmoins Cristal Union au vu du contexte de « marchés aux plus bas historiques » sur les neuf premiers mois de la campagne. Une situation compensée en partie par un fort rebond sur la fin de l’exercice.

Résultat net encore déficitaire

« Après rétribution des coopérateurs (22,73 euros/t de betteraves) et prise en compte de l’ensemble des coûts exceptionnels liés à l’optimisation de l’outil industriel (61 millions d’euros pour l’accompagnement du personnel et des planteurs, la revitalisation des sites, les amortissements…), le résultat net s’améliore », détaille la coopérative. Mais il reste encore défictaire et s’établit à –89 millions d’euros (contre –99 millions d’euros la campagne précédente).

 

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Sur le premier trimestre de 2020-2021, le groupe enregistre une hausse de son chiffre d’affaires. « L’effondrement des cours mondiaux du sucre et de l’éthanol n’ont pas remis en cause la stabilité des prix européens du sucre », souligne Cristal Union, qui se félicite de sa « forte capacité de réaction à la crise du Covid-19 en réorientant dès la mi-mars ses productions d’éthanol vers de l’alcool à usage pharmaceutique, permettant des ventes records dans les applications sanitaires et pharmaceutiques. » La crise sanitaire aura, selon la coopérative, « un impact limité à date », grâce aussi à une exposition limitée à l’exportation sur le marché mondial et à une hausse des ventes de sucre auprès des consommateurs.

Décarbonation des activités pour un « nouvel élan »

Cristal Union mise désormais sur davantage de « flexibilité » entre les produits fabriqués du groupe (sucre, alcool, bioéthanol). Le groupe entend reprendre des parts de marchés en Europe pour réduire les coûts et développer de nouvelles offres pour les clients.

 

Et surtout, la coopérative veut devenir le « leader de la décarbonation » et espère développer de nouveaux « gisements de croissance » : avec une concentration de l’activité de déshydratation, une meilleure valorisation des coproduits pour la production de biogaz et d’intrants agricoles organiques et la production d’une énergie propre renouvelable (solaire par exemple). Cette stratégie s’appuiera notamment sur les sites d’Arcy-sur-Aube, Toury (Eure-et-Loir) et Sainte-Emilie. Trois chaufferies à biomasse sont prévues ainsi que deux unités d’autoproduction de biogaz.