Alors que les récoltes ont déjà débuté dans le sud de l’Europe et que les conditions météorologiques devraient précipiter les moissons dans la plupart des États membres, le Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne) et le Cogeca (Comité général de la coopération agricole de l’Union européenne) présentaient le 10 juin 2020, à Bruxelles, leurs prévisions consolidées pour les récoltes de céréales et d’oléoprotéagineux.

Production de blé en baisse

En céréales, l’ensemble de la production de l’Union Européenne à 28 (UE-28) devrait atteindre la moyenne des cinq dernières années, aux alentours de 305 millions de tonnes.

 

Cependant, la production totale de blé est attendue en net recul de 11,5 % résultant du double effet de la baisse des surfaces cultivées (-3,5 %) et des niveaux de rendement faibles aussi bien en blé tendre qu’en blé dur (-8,3 %).

 

Les conditions de semis à l’automne ayant été fortement affectées par des précipitations importantes, les semis de variétés d’automne tels que le blé d’hiver ont été remplacés par des semis de variétés de printemps tels que l’orge de printemps, l’avoine et le maïs. Les baisses de rendement attendues sont quant à elles principalement imputables aux mauvaises conditions d’implantation des cultures, au déficit hydrique enregistré depuis le printemps et aux attaques d’insectes vecteurs de viroses qui en ont découlé. Sans surprise, cela se traduit par des coûts de production en augmentation, principalement au niveau de la protection phytosanitaire, notamment contre les maladies et les attaques d’insectes.

 

« Même si ces premières estimations sont entourées d’incertitudes sur les niveaux de rendement, nous sommes extrêmement préoccupés par l’impact de la réduction de la production de blé combinée aux perspectives de forte récession économique globale sur le revenu des céréaliers pour cette campagne de commercialisation 2020/2021 », a commenté Jean-François Isambert, président du groupe de travail « Céréales » du Copa-Cogeca.

Les politiques européennes mises en cause

Pour les oléagineux, l’ensemble de la production de l’UE-28 devrait continuer de baisser, passant en dessous des 30 millions de tonnes. Cela est principalement lié à une réduction de 4,5 % de la sole de colza suite à la sécheresse sévissant dans certains pays européens ou aux pluies excessives survenues au moment des semis d’automne, conjuguée à une forte pression des maladies et des nuisibles alors que les moyens de lutte sont de plus en plus réduits.

 

Un rendement attendu de l’ordre de celui de 2019 devrait limiter la production de colza pour l’UE-28 à 16,3 millions de tonnes.

 

Pedro Gallardo, Président du groupe de travail « Oléoprotéagineux » du Copa-Cogeca, considère pour sa part que ce niveau de production historiquement faible peut-être imputé aux politiques européennes menées autour du colza ces dernières années, « nous avons plafonné les biocarburants, faisant fi de l’impact sur la coproduction de protéines, en limitant notre consommation et en tolérant en même temps “la déforestation importée”» .

 

«Cette réduction des surfaces, si elle persiste dans le temps, pourrait accentuer la nécessité d’importer des matières premières riches en protéines pour l’alimentation animale, ce qui est en contradiction totale avec l’ambition affichée par la Commission de développer les protéines européennes, »insiste Pedro Gallardo

Hausse des productions de soja et tournesol

Les surfaces de soja et de tournesol progressent légèrement, respectivement de 1,4 % et 1,5 %. Elles compensent notamment la réduction de celles du colza bénéficiant du fait qu’elles soient des cultures de printemps. Les productions de graines de tournesol et de soja sont prévues en hausse de 1,9 %.

 

Le secteur des protéagineux fait état d’une hausse des emblavements de 6 % passant de 1,582 million d’hectares à 1,674 million d’hectares. Il est cependant trop tôt pour pronostiquer des rendements prévisionnels. Selon Pedro Gallardo, « cette hausse des surfaces s’explique par le report des cultures d’hiver qui n’ont pu être réalisées, par la demande croissante en protéines végétales, notamment en agriculture biologique, ainsi que par les nouveaux régimes alimentaires ».