La filière CRC — culture raisonnée contrôlée — assure la continuité de son activité pendant la période de crise. Elle s’adapte à tous les niveaux de la chaîne, tant pour respecter les consignes de sécurité et les mesures barrières que pour répondre aux changements de demande.
Baisse de fréquentation des boulangeries
C’est le cas de Thomas Paris, boulanger dans le 17e arrondissement de Paris. Tout a été mis en place pour sécuriser le personnel et les clients. Ces derniers se font plus rares et la baisse de fréquentation se répercute indéniablement sur le chiffre d’affaires. « La clientèle habituée à passer à la boulangerie pour le déjeuner a complètement disparu, constate-t-il. Nous maintenons l’activité car nous avons juste assez de clients. Vingt de moins, et nous fermions. »
« La qualité de conservation de nos pains permet à de nombreuses personnes d’acheter pour plusieurs jours, ce qui augmente notre panier moyen mais qui diminue le nombre de passages et de ventes additionnelles. On observe donc une baisse des ventes de baguettesau profit des pains, plus gros et se conservant mieux, malgré des propositions commerciales pour aider les personnes qui auraient peur de se déplacer. »
Faire tourner le moulin
Louis-Marie Bellot, meunier dans les Deux-Sèvres, a vu exploser les demandes de farine CRC. « Les commandes ont été exponentielles la semaine de l’annonce du confinement, tous secteurs confondus, nos clients faisant des stocks de sécurité et les consommateurs se ruant dans les magasins ou boulangeries », raconte-t-il.
Depuis, la demande générale a tendance à baisser, de l’ordre de –10 à –15 %, à l’exception de celle du rayon de l’épicerie pour les farines en 1 kg, dont les commandes ont été multipliées par 20 par rapport aux volumes habituels.
Pas de pénurie en approvisionnement local
« En France, une proportion de 30 à 50 % de la farine en conditionnement de 1 kg est importée de l’Allemagne, pays qui privilégie désormais son marché intérieur. Le fait-maison explose, les gens cuisinent plus, ce qui explique la pénurie dans les GMS, observe Bertrand Girardeau, meunier en Charente. Les équipes ont dû se réorganiser complètement pour se recentrer sur la fabrication de farines en petits conditionnements, tout en renforçant fortement les sécurités sanitaires. »
La demande de petit conditionnement augmente, mais ne compense pas la baisse des ventes qu’il estime à –20 %. Sa minoterie tourne grâce à un approvisionnement français, mais surtout local, un « atout indéniable ». « À ce jour, il n’y a aucun problème d’approvisionnement en matières premières dans notre région », explique-t-il. Les stockeurs comme les transporteurs travaillent, et les produits sont bien acheminés vers les clients.
Les travaux au champ suivent leurs cours
Guillaume Chamouleau, agriculteur en Charente, n’a lui rien changé à ses habitudes. « Je travaille dans les champs comme d’habitude, avoue-t-il. Plus de réunions, hormis quelques-unes par téléphone ou en visio, je me consacre donc uniquement aux travaux de la ferme. »
La situation soulève quelques interrogations : sur la Pac, les services de l’État ou encore sur la disponibilité des approvisionnements comme les semences ou les pièces détachées pour le matériel. Il n’est cependant pas inquiet pour la filière. « Il y aura toujours du blé CRC pour faire de la farine ! Mon point de vigilance se portera tout de même sur les cours car avec l’impact de cette crise sans précédent sur l’économie mondiale, on peut craindre une baisse des matières premières agricoles. »