Elle vise à remettre des pratiques et des productions agricoles en ville. L’idée est à la mode depuis vingt ans, tant le projet semble avoir de qualités et de dimensions : environnementale, sociale, économique, etc. L’agriculture urbaine est le couteau suisse du développement durable.

Hélas, je ne peux m’empêcher de voir dans cette initiative qu’un gadget de bobos. D’abord, il faut de l’espace. Ce ne sont pas quelques ruches sur les toits, quelques jardinets dans des friches et quelques champignonnières dans des parkings désaffectés qui vont alimenter la population urbaine. Il faut aussi de la terre. Une modeste champignonnière de la région parisienne fait ainsi venir son humus de… Belgique. Il faut de l’argent, beaucoup d’argent, car au prix du foncier, il n’y a pas d’espace sans investissement public massif. Sans oublier une bonne dose d’escobarderie, car cette initiative ne peut faire oublier l’artificialisation des terres autour des villes – entre un parking d’hypermarché et un champ de blé, le choix est vite fait – et plus encore, la déshérence des bourgs qui se meurent dans certaines régions. Mais puisque l’idée est là, acceptons-la. Place aux cultures d’herbes de Provence aux pieds des tours !

Paris a innové en favorisant la végétalisation des pieds d’arbres. La police n’était sans doute pas mécontente de voir disparaître les grilles en fonte utiles aux barricades, mais l’idée était de verdir l’espace public. Quel bilan ? 95 % des plantations faites par les riverains disparaissent dans la nuit. Sur les marchés, des vendeurs à la sauvette proposent en saison jonquilles et lilas qui viennent des parcs parisiens. Dès qu’une fleur apparaît, les arbustes sont saccagés. Cela augure mal des projets formidables de thym de Montmartre ou de la sarriette des Champs-Élysées. Cette agriculture de dînette est un cautère sur une jambe de bois, l’avatar d’une société de la communication et de l’artifice. Et si l’on revenait au bon sens, en laissant travailler les agriculteurs ?