Système irrigué
Quelle place pour le sorgho ?
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Le sorgho, en compétition avec le maïs, révèle tout son intérêt quand la ressource en eau se raréfie.
« Dès qu'ils peuvent irriguer, les agriculteurs drômois ont souvent plus intérêt à faire du maïs que du sorgho », observe Stéphane Dupré, du CER de la Drôme.
Le sorgho se retrouve souvent comme la cinquième roue du carosse : semé après toutes les autres cultures, réservé aux parcelles éloignées et difficiles à irriguer ou aux mauvaises terres, utilisé comme culture d'isolement pour le maïs semence...
Pourtant, les professionnels de la filière, ainsi qu'Arvalis, sont convaincus que le sorgho peut dans certains cas concurrencer le maïs irrigué.
Parce qu'il est souvent considéré comme un palliatif plutôt que comme une culture à part entière, le sorgho donne des résultats médiocres dans les études de groupe.
Les charges sont faibles mais il dégage de piètres rendements. « Alors qu'un sorgho bien conduit sur des terres correctes dépasse 80 q/ha », assure Stéphane Dupré. Et les atouts de cette culture méritent peut-être de lui laisser une chance.
Avantages
• Irrigation : coût et travail
« Contrairement au maïs, le sorgho ne requiert qu'une irrigation d'appoint, souligne Michel Mangin, d'Arvalis. Trois passages seront suffisants, contre de sept à dix pour le maïs dans les mêmes conditions. »
Le coût de l'irrigation dépend du système d'irrigation, par forage ou réseau, de l'amortissement du matériel et du coût du mètre cube d'eau.
Lorsqu'il est élevé, il peut être intéressant de diminuer les volumes apportés. L'incitation est la plus forte lorsque le matériel est amorti.
Les économies passent alors nécessairement par une baisse de la consommation.
Par ailleurs, la réduction du nombre de passages libère du temps en période estivale.
• Calendrier
Le sorgho libère les terres entre un mois et un mois et demi avant le maïs.
• Sol
Les sols filtrants affectent peu le sorgho, alors qu'un maïs sera durement pénalisé.
Inconvénients
• Désherbage compliqué
« La gamme d'herbicides est plus réduite en sorgho, souligne Michel Mangin. Et l'herbicide est appliqué en mai (à trois feuilles), où il est moins efficace qu'un herbicide sur maïs appliqué en avril. »
Une solution est de pratiquer un faux semis, puis de désherber au Roundup.
• Mauvais précédent
Le sorgho, moins gourmand en azote que le maïs, induit en revanche une fertilisation plus importante pour les cultures suivantes.
Bilan économique
• Rentabilité comparée
Pour ces deux cultures, dont les prix fluctuent ensemble, « l'élément discriminant est la disponibilité en eau », résume Jean-Luc Verdier, d'Arvalis. En situation non limitante, le maïs reste la culture la plus intéressante.
« En conditions optimales, le sorgho plafonnera en dessous de 100 q/ha alors que le maïs fera 130 ou 140 q/ha. Mais lorsque la contrainte hydrique se renforce, l'intérêt du sorgho va croissant. »
• Complémentarité
« Certains font aussi le choix de semer un sorgho qui demandera peu de temps de travail et d'intrants, pour se consacrer à des cultures à forte valeur ajoutée, comme les semences », remarque Stéphane Dupré.
Au bout du compte, ce n'est pas le sorgho qui aura dégagé le plus de marge, mais ce choix permettra à certains de mieux réussir la culture de semences.
A télécharger :
- Notre simulation : Le sorgho concurrence le maïs lorsque la contrainte hydrique est forte
Expert : MICHEL MANGIN, ingénieur régional chez Arvalis, dans la Drôme « La filière pourrait absorber davantage de volume » « La surface française en sorgho pourrait atteindre 200.000 ha selon la filière, alors qu'elle plafonne entre 50.000 et 60.000 ha suivant les années. Aujourd'hui, le sorgho grain produit en France est essentiellement exporté. Sa principale destination est l'Espagne, pour l'alimentation porcine. Un volume plus faible est exporté vers l'Europe du Nord, pour l'oisellerie. Mais la matière première pourrait être davantage utilisée en France, dans les aliments pour porcs. Et l'Espagne, de son côté, est prête à en acheter des volumes plus importants. En attendant le développement de la filière, les industriels français n'aiment pas travailler de petits volumes, ce qui incite plutôt à exporter cette matière première. Les coopératives intéressées par la collecte du sorgho se trouvent donc surtout dans les régions proches du marché espagnol. » |