Équipement
Des grains bien conservés
Si on veut transformer du grain à la ferme, il faut s’équiper pour le stocker dans de bonnes conditions afin de préserver sa qualité tout au long de l’année. La mouture se fait au fur et à mesure des ventes. « Les grains doivent être refroidis le plus rapidement possible après la récolte, et ventilés afin de conserver un taux d’humidité inférieur à 12 %, contrôlé régulièrement avec un testeur », conseille Kristel Moinet, du Biocivam de l’Aude, qui anime la filière farine Flor de Peira. Un pré-tri est nécessaire avant le stockage pour éliminer les brisures et les graines d’adventices. Avant mouture, deux passages sur un trieur, ainsi qu’un brossage permettent de bien nettoyer les grains.
5 000 à 15 000 € pour un moulin
Les consommateurs qui recherchent des farines bio locales sont attentifs à leur qualité nutritionnelle. « Pour préserver celle-ci, mieux vaut choisir un moulin avec une meule de pierre. La mouture se fait lentement, sans échauffement excessif, et permet de conserver le germe et l’assise protéique du grain. Cela améliore la teneur en micronutriments de la farine », souligne Kristel Moinet. Plusieurs moulins permettent d’obtenir ce résultat, qu’ils soient de type Astrié, Tyrol ou Samap. En fonction des modèles, leur prix d’achat varie entre 5 000 et 15 000 €.
Mouture
Un rendement de 55 à 80 %
Le rendement de mouture varie en fonction des espèces. Avec du blé tendre, on obtient 75 à 80 % de farine semi-complète. Ce rendement descend autour de 60 % pour le seigle et 55 % pour le sarrasin. Il dépend aussi du type de moulin, ainsi que de son entretien. Certains ont une meule auto-affûtante. « Avec un moulin de type Astrié, en revanche, il faut rhabiller régulièrement la pierre pour conserver un bon rendement », précise Kristel Moinet.
Des types de farine différents
À la sortie du moulin, un système de bluterie, intégré ou non, sépare la farine du son. Le tamisage, avec une maille plus ou moins serrée, détermine le type de la farine. Il varie de T55 pour une farine blanche jusqu’à T150 pour une farine intégrale. Plus on tamise serré et plus la proportion d’amidon augmente, au détriment des protéines, des lipides et des minéraux. « Une farine bise, de type T80, contient 0,80 g de minéraux pour 100 g. Elle a une bonne valeur nutritionnelle tout en convenant à la panification. »
Temps de travail
1 200 h pour 34 000 kg de blé
Le temps nécessaire à la mouture dépend du type de moulin, du diamètre de la meule et de sa vitesse de rotation. Le débit de l’atelier varie ainsi de 12 à 200 kg/h. Mais il n’est pas nécessaire de rester tout le temps à côté du moulin. « Dans l’exemple ci-contre, le temps nécessaire au nettoyage et à la manutention des grains, à la surveillance de la mouture et au conditionnement de la farine est évalué à 730 h pour 34 300 kg de blé », précise Kristel Moinet, qui compte également 190 h pour les tâches administratives et 280 h pour la commercialisation.
Les boulangers prennent des sacs de 25 kg, de même que les boutiques proposant de la farine en vrac. Pour les particuliers, il faut prévoir des sacs de 5 kg et 1 kg. Le conditionnement peut être manuel ou semi-automatisé, en fonction des volumes.
Obligations administratives
S’ils écrasent moins de 35 000 kg de blé tendre par an, les agriculteurs n’ont pas besoin de détenir un contingent de meunerie. Mais ils ont l’obligation de déclarer leur atelier à FranceAgriMer.
Ils doivent aussi tenir une comptabilité matière et déclarer chaque mois les volumes écrasés et leur destination. Une date limite d’utilisation optimale doit être indiquée sur les sacs de farine, à charge pour le producteur de vérifier par des contrôles que la qualité de celle-ci se maintient jusqu’à cette échéance. Frédérique Ehrhard
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