En 2021, les essais de désherbage en pommes de terre, menés par Arvalis-Institut du végétal, ont montré l’intérêt d’allier les leviers chimiques et mécaniques.

Sur les sites de Boigneville (Essonne) et Sancourt (Somme), l’institut a testé plusieurs stratégies : prélevée seule, 100 % chimique (T1 + T2) ou combiné (T1 localisé ou plein + T2 avec herse étrille et/ou butteuse). Le mécanique seul n’était pas une modalité en soi, néanmoins les bandes non traitées prévues pour le réglage du matériel ont permis de faire des observations.

Conditions favorables au mécanique cette année

À Boigneville comme à Sancourt, toutes les modalités testées ont affiché une efficacité supérieure à 90 %, sans différence significative d’une stratégie à l’autre. « Pour la flore présente (1), un traitement en prélevée ou un passage mécanique en postlevée aurait même pu suffire cette année », précise Cécile Roques, d’Arvalis. Un petit écart a été observé à Sancourt entre la stratégie combiné localisé et celle 100 % chimique en plein, en faveur de cette dernière. « Le combiné est resté satisfaisant, c’est une question d’exigence », indique l’ingénieure.

Un autre objectif des essais déployés par Arvalis était de voir si des formulations à base d’autres matières actives que le prosulfocarbe et la métribuzine, dont l’avenir est incertain, apportent une bonne efficacité. En prélevée, Arcade (prosulfocarbe et métribuzine) a donc été comparé à des programmes associant Proman (métobromuron) + Centium (clomazone), Proman + Metric (clomazone et métribuzine) ou Toutatis (aclonifen et clomazone) + Bastille (métribuzine et flufénacet). Sur les deux sites, ces modalités ont aussi bien fonctionné que celles avec Arcade sur la flore présente. « Ces résultats sont rassurants pour une culture qui dispose, aujourd’hui, de peu de solutions de dé­sherbage », affirme Cécile Roques.

Pour la campagne 2022, « nous comptons poursuivre les essais en combiné, mais aussi ajouter une modalité 100 % mécanique et travailler sur le positionnement des produits », poursuit la spécialiste. En effet, les T1 de 2021 étaient proches de la levée des pommes de terre, retardée par un mois d’avril sec. Des jaunissements ont été observés, sans impact sur le rendement et la matière sèche. « L’idée serait de bénéficier de la rémanence maximale des produits en prélevée et d’identifier le créneau optimal pour le passage d’outils », explique-t-elle. Les plantes compagnes font également partie des pistes de réflexion de l’institut. Toutefois, elles ne seront envisagées qu’à partir de la campagne 2023. En effet, les espèces doivent être choisies avec précaution pour éviter une trop forte concurrence sur la culture. Charlotte Salmon

(1) Boigneville : amarante, renouée, mouron des champs, laiteron, morelle noire. Sancourt : morelle noire, chénopode blanc.