Retour à une année de forte pression
réservé aux abonnés
Les attaques de maladies, septoriose en tête, ont été souvent tardives et très intenses.
Après deux campagnes calmes, les blés ont subi une forte pression des maladies en 2011-12. L'automne et l'hiver ont été exceptionnellement doux, favorisant les pathogènes. Puis les températures très froides de février et le climat doux et sec de mars ont créé des conditions défavorables. En avril, une période de pluies a permis aux maladies de se développer.
Arvalis estime leur nuisibilité à 25 q/ha, soit l'une des plus élevées des dix dernières années. Les Régions Bretagne, Basse-Normandie, Centre et Rhône-Alpes ont vu cette nuisibilité proche ou légèrement supérieure à 30 q/ha. La Haute-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais étaient les régions les plus touchées, avec respectivement 35,8 q/ha et 33,7 q/ha.
Par conséquent, les exploitants ont augmenté le nombre de passages. Toutes céréales confondues, le nombre d'hectares traités trois fois ou plus a progressé, pour atteindre 25 %. Un quart des surfaces a reçu un seul traitement et la moitié deux applications.
Le poste frd fongicides est passé de 63 €/ha en 2011, à 78 €/ha au printemps dernier, soit en moyenne 39 €/ha pour un traitement unique, 73 €/ha pour deux et 101 €/ha pour trois passages.
Septoriose : des symptômes tardifs
La septoriose demeure la maladie qui fait le plus de dégâts. En 2012, Arvalis évalue sa nuisibilité à au moins 20 q/ha. Cette dernière irait localement jusqu'à plus de 35 q/ha, notamment en présence de fortes pluviométries.
Comme pour d'autres maladies présentes très précocement, l'inoculum de septoriose a survécu, malgré les températures négatives de début d'année. Les symptômes sont apparus sur les feuilles basses mais ont surtout explosé tardivement, à la sortie de la dernière feuille.
Rouilles : la zone s'élargit
A l'automne, l'inoculum de la rouille jaune a été particulièrement fort du fait du climat doux mais s'expliquerait aussi par la présence d'une nouvelle race Warrior/Ambition (lire « Rouille jaune : invasion spectaculaire d'une nouvelle race »).
Il semble que la rouille jaune ne peut survivre sur des tissus morts mais elle a redémarré au printemps sur les feuilles restantes. Au final, elle a été présente sur une plus large zone, avec parfois des symptômes atypiques peu sporulants. La présence de pustules noires, de chloroses et de nécroses a également été notée.
En outre, les symptômes ont souvent été observés sur épis, preuve que l'attaque a été conséquente. Arvalis recommande d'éviter les variétés qui se sont avérées sensibles à cette maladie (Chevron, Alixan, Trapez, Altigo, Ephoros, Hysun et Fairplay), notamment dans les régions habituellement concernées en bordure maritime nord.
Concernant la rouille brune, si les attaques ont été localement fortes (Sud-Est), elles ont été plus tardives et moins fortes qu'en 2007. Cela s'explique par des conditions de fin de cycle froides et pluvieuses. Arvalis recommande pour l'an prochain de surveiller les variétés Aerobic, Atlon et Azerty incluant le gène de résistance LR 24, qui peut être contourné.
Fusarioses : Microdochium favorisé
Les conditions de fin de cycle ont été favorables aux fusarioses mais les pluies n'ont pas toujours forte pression coïncidé avec la floraison des blés. Les températures fraîches à cette même période ont favorisé F. graminearum et Microdochium sp, davantage présentes. Cette dernière a été remarquée sur feuille.
Oïdium et helminthosporiose : quasi absents
Si l'oïdium a ponctuellement être observé à l'automne comme au printemps sur des variétés sensibles comme Bermudes, Alixan, Premio ou Dinosor, les pluies lui ont été souvent fatales, en lessivant les spores. L'helminthosporiose a pour sa part été quasi absente.
Par ailleurs, Aschochyta, une maladie liée aux températures froides parfois confondue avec la septoriose, a souvent été observée. Elle n'aurait pas d'incidence sur le rendement.
Clefs de reconnaissance
Arvalis propose sur www.arvalis-tv.fr, des vidéos visant notamment à mieux identifier les maladies.
Rouille jaune : invasion spectaculaire d'une nouvelle race
Elle serait le fait d'une race exotique. Si la majorité des variétés du marché garde un bon niveau de résistance partielle, Hystar, Allez-y, Expert, Arkeos, Selekt et surtout Ephoros seraient beaucoup plus sensibles à Warrior/Ambition.
Arvalis estime que cette race est très virulente et très nuisible sur toutes les espèces virulente et très nuisible sur toutes les espèces mais qu'elle est encore bien contrôlée.
Maladies du pied : un cortège d'épis échaudés
S'il passe généralement inaperçu, le rhizoctone a été très virulent. Le froid a affecté certaines plantes et donc favorisé son insntallation. Dans de nombreuses régions, des épis blancs isolés, échaudés, voire de la verse ont été observés. Ces symptômes ont été remarqués dans la région Centre sur des variétés comme Garcia ou Arlequin. Les pertes ont ponctuellement atteint plus de 15 q/ha.
Les semis précoces et les températures excédentaires ont été favorables au piétin échaudage. Il est apparu très tôt, y compris sur des espèces comme l'orge. Ces attaques sont passées inaperçues compte tenu des conditions humides de fin de cycle pas toujours propices à l'échaudage, voire confondues avec d'autres symptômes comme la jaunisse nanisante de l'orge. Au final, des épis blancs étaient visibles en rond dans les parcelles et ont impacté le potentiel jusqu'à 40 q/ha.
Les attaques de fusariose sur tiges (Fusarium graminearum) ont été favorisées par les conditions fraîches et humides de fin de cycle. Elles ont fortement affecté le rendement, notamment en Bretagne. Les épis ont été échaudés, le bas des tiges présentait des nécroses brunes et un mycelium blanchâtre est apparu sur les noeuds, voire le col de l'épi.
Le piétin verse n'a été observé que sur les variétés les plus sensibles, dans les sols de limons battants et dans le cas d'implantations précoces.
Les SDHI sélectionnent des multirésistances
Les souches de S. Tritici apparaissent moyennement résistantes aux triazoles. Elles sont par ailleurs faiblement résistantes, voire sensibles (façade atlantique) au prochloraze (notamment les IDM).
Pourtant, plusieurs phénotypes émergents, plus résistants à ces deux familles de fongicides, sont observés depuis quelques années. Ils progressent encore lentement.L'étude d'échantillons réalisée par le réseau Performance (1) montre que leur fréquence moyenne est passée de 6,2 % en 2011 à 8 % en 2012.
Les phénotypes dits MDR (MultiDrug Resistant) sont fortement résistants à tous les IDM mais aussi, dans une certaine mesure, aux strobilurines et aux SDHI. Leur fréquence dans les échantillons analysés progresserait rapidement, passant de 10,6 % en 2011 à 20 % en 2012.
Quant aux phénotypes non MDR, ils ne sont très résistants qu'à certains IDM (pyrifenox, tébuconazole, fluquinconazole…).
Les derniers essais sur SDHI ont confirmé les résultats de 2011 : une double application augmente la proportion de souches MDR. La fréquence des souches émergentes étant encore faible, l'efficacité des solutions testées n'est pas affectée.
_____
(1) Sont associés pour ce réseau d'essais des organismes stockeurs, des chambres d'agriculture, des firmes et des instituts.