Réduire les risques en blé sur blé
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Une conduite culturale adaptée limite les pertes de rendement.
A l'heure où vont se faire les choix d'assolement, il peut être tentant d'augmenter sa sole de blé. Mais cultiver deux blés successifs engendre une perte de rendement de 10 q/ha en moyenne. Et cette perte peut être encore plus grande lorsque la pression des maladies du pied est importante. Le piétin échaudage est ainsi l'ennemi numéro un des blés de blés. Bon nombre de parcelles ont été touchées cette année, du fait de la douceur de l'automne et de l'hiver derniers.
Eparpiller les pailles
Pour limiter au maximum les chutes de potentiel, il est recommandé de bien éparpiller les pailles et menues-pailles à la moisson afin d'éviter un contact trop facile entre les résidus infectés par le champignon et les futures racines du blé. «Il faut ensuite brasser superficiellement le sol pour entraîner la meilleure décomposition possible des résidus», avertit Jacky Réveillère, d'Agralys. Un labour est préférable pour enfouir le champignon profondément, afin qu'il s'épuise par manque d'oxygène. «Un blé de chaume sans labour se conduit bien également, même s'il y a un risque supplémentaire de maladies», estime Damien Ronce, de la chambre d'agriculture du Loiret. Il conseille d'intercaler une moutarde entre deux blés, ce qui reconstitue une petite rotation. Elle sera implantée après un déchaumage et détruite juste avant les semis.
Le choix de la parcelle est aussi important avant d'implanter un blé sur blé. Les sols légers, sableux, aérés, humides et alcalins sont favorables au piétin échaudage. A l'inverse, les sols battants y sont défavorables. Attention également à l'antéprécédent: le maïs, la betterave, la luzerne et le soja sont considérés comme des plantes amplificatrices du champignon.
Semis décalés
Autre règle d'or: semer tard. «Mieux vaut ne pas semer avant le 25 octobre dans le Centre, détaille Irène Félix, d'Arvalis dans le Cher. Et ne pas semer trop dense pour limiter la transmission rapide du piétin échaudage, à 300 grains/m² au maximum en sol argilocalcaire.» Jacky Réveillère recommande de choisir des variétés précoces, de préférence à grosse paille et à PMG (poids de mille grains) élevé pour une meilleure remobilisation du carbone stocké dans les tiges vers les grains. Il est possible de limiter l'apparition du piétin échaudage en utilisant un traitement de semences adapté (Jockey flexi, Jockey plus AB, Latitude), mais le coût est plus important qu'un traitement de semences fongicide classique.
L'alimentation azotée des blés de blés est plus médiocre que derrière pois et colza, il faut donc ajuster les apports d'azote. Mais en prenant en compte un objectif de rendement moins élevé. Les apports de phosphore doivent aussi être plus fréquents, car ce type de blé est plus exigeant pour cet élément qu'une céréale assolée. «Une culture avec un système racinaire affaibli pour des raisons sanitaires s'alimente moins bien en phosphore», explique Irène Félix. Par ailleurs, le chaulage est à proscrire avant un deuxième blé, les pH basiques et la modification biologique de sol stimulant la maladie. Quant au désherbage, il est encore plus important de veiller à bien alterner les familles de matières actives pour limiter les problèmes de résistance.
Déclin: monocultureUn phénomène de «déclin» du piétin échaudage apparaît au bout de plusieurs années grâce au développement d'une flore antagoniste de bactéries (" Pseudomonas" ). Les rendements en monoculture de blé sont donc moins affectés que ceux de deuxième ou troisième blé. |
Stabilité des surfacesLa part de blé sur blé en France est plutôt stable depuis ces dernières années et oscille entre 10 et 20% des surfaces selon les campagnes. Dans le Centre, le cours élevé des céréales pourrait profiter davantage à l'orge de printemps brassicole qu'au blé. Des contrats pour la récolte de 2008 sont déjà proposés à des prix très attractifs. Un débouché pérenne en orge d'hiver brassicole pourrait limiter aussi les blés de blés. Les orges en précédent orge devraient donc progresser mais elles poseront moins de problèmes sans la menace du piétin échaudage. |