Reconnaître les vaches sans crapahuter sur le quai
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Le Gaec de Guimbert teste un assistant électronique en salle de traite, qui affiche sur un écran quelle vache occupe quelle place sur le quai.
« Nous cherchions un système pour identifier nos vaches en salle de traite sans avoir à monter sur les quais, se souvient Jean-Marc Riot. Lorsqu'on arrive à cent laitières, il est difficile de les connaître une par une. Nous devions être deux en salle de traite, en plus du contrôleur laitier, pour prendre les numéros. »
En septembre 2008, alors qu'il visite le Space avec Bruno Martel, son beau-frère et associé au sein du Gaec de Guimbert, il en parle avec Alain Bazire, des Établissement départementaux de Bretagne. « Il y avait des projets pour tester l'identification électronique des bovins, poursuit-il. Nous nous sommes portés candidats. »
Au début de 2009, les travaux s'engagent dans la stabulation située à Bains-sur-Oust, dans l'Ille-et-Vilaine. « Nous avons modifié l'accès des vaches aux quais de façon à ce qu'une seule puisse passer à la fois, détaille Alain Bazire. Avec des tubulaires, nous avons aménagé des couloirs sur lesquels sont fixées les antennes de lecture des boucles. Ils sont un peu courts, mais nous ne pouvions pas faire mieux. Cela a déjà supprimé trois ou quatre places sur l'aire d'attente. »
Pour pallier ce manque de longueur, deux cellules photoélectriques ont été installées au niveau du lecteur. Elles garantissent que la vache est bien rentrée en salle de traite et n'a pas fait demi-tour une fois sa boucle lue.
Résultat, le trayeur n'a maintenant qu'à jeter un oeil sur l'écran situé à l'extrémité de la fosse, à l'opposé de l'entrée des animaux, pour savoir lequel lui présente sa mamelle. Cet écran est relié à l'ordinateur de l'exploitation situé dans le bureau, de l'autre côté du mur.
« Il affiche aussi, en alternance avec le numéro de travail, les alertes que nous avons saisies pour chaque vache, détaille Jean-Marc Riot. Comme “MAMI” pour signaler celles atteintes de mammites, par exemple. »
Et il n'y a pas besoin d'aller dans le bureau pour saisir ces alertes. Une souris dans la poche du trayeur permet de le faire directement sur l'écran, pendant la traite. (voir photo ci-après)
Des alertes en couleur
Les associés du Gaec utilisent aussi un code couleur pour qualifier l'importance des alertes :
• le rouge pour le lait à séparer,
• l'orange pour les vaches à surveiller,
• et le vert pour celles à ne pas traire.
« C'est une convention que chaque éleveur peut adapter à ses habitudes, reprend Alain Bazire. L'important est que tous les trayeurs de la ferme aient la même. C'est pareil pour les alertes. Chacun peut imaginer les siennes. L'avantage de ce système est que le salarié que nous avons engagé pendant trois semaines cet été pour les vacances a pu se repérer seul. »
Un exemple d'application : lorsque Jean-Marc tarit des vaches. Il l'indique dans le logiciel de gestion du troupeau au bureau. Le soir, en salle de traite, le message « TARI » clignote. « Celui qui est dans la fosse sait ce qu'il a à faire, explique-t-il. Il change ensuite avec la souris l'alerte et indique “VEL” pour vêlage. Car la prochaine fois que la vache entrera en salle de traite, c'est qu'elle viendra de vêler et qu'il faudra séparer son lait. Nous supprimerons l'alerte quand son lait pourra rejoindre le tank. »
Le logiciel n'indique pas que les alertes saisies au Gaec. Il intègre aussi celles que renvoie le logiciel Agrael des organismes d'élevage de Bretagne à l'ordinateur de l'exploitation avant chaque traite. Par exemple, un vêlage quand Jean-Marc déclare une naissance.
C'est aussi ce logiciel qui réceptionne les résultats du contrôle laitier. « Nous nous en servons pour affecter une alerte à celles qui ont un taux de leucocytes élevé, assure Jean-Marc. Mais c'est à nous de le faire devant le clavier. L'idéal serait que cette alerte se mette en place automatiquement à la réception des résultats par l'ordinateur. »
Il reste que la présence de métal dans la salle de traite complique la tâche. « À la fin de la première traite, j'ai voulu lire une boucle à l'entrée du quai droit, se rappelle Alain Bazire. Mais j'ai heurté les tubes métalliques avec la boucle avant de passer devant le lecteur. Le numéro de travail correspondant s'est immédiatement affiché à l'écran sur le quai gauche. Le signal émis par la puce avait suivi le tubulaire jusqu'au lecteur de l'entrée gauche. » Il a fallu mettre des joints en caoutchouc pour couper le circuit.
10.000 € d'investissement
Après dix-huit mois d'utilisation, les deux associés ne reviendraient pas en arrière. « Nous avions testé le marquage à l'azote liquide, mais le pare-bouse nous empêchait de lire le numéro, rappelle Jean-Marc. La solution de notre installateur de machine à traire avec des compteurs individuels ne présentait pas d'intérêt pour nous. Nous raisonnons la production à l'échelle du troupeau. Pour les données individuelles, nous avons le contrôle laitier. Et de toute façon, avec un devis de 30.000 €, c'était hors budget. » Là, l'investissement s'est monté à 10.000 €.
Tous les veaux du Gaec ont maintenant leur puce à l'oreille. Et Jean-Marc imagine de nombreuses applications à l'identification électronique. « Comme pouvoir constituer et gérer des lots dans Agrael, notre logiciel d'élevage. Nous lirions les boucles des génisses avec un lecteur au-dessus de la bétaillère lors de la mise à l'herbe. Il n'y aurait alors plus qu'à renseigner le lot lors des changements de parcelles, et non plus chaque animal. »
Fonctionnement par ondes radioL'identifiant électronique officiel utilisé en France a la même forme que les boucles conventionnelles. La différence, c'est qu'il contient une puce électronique et une antenne circulaire. C'est cette dernière qui assure l'échange à distance avec l'appareil de lecture par ondes radio. La puce ne contient qu'une information : le numéro national d'identification de l'animal. |
« Il est possible d'imaginer de nombreuses applications à l'identification électronique » « Les éleveurs qui ont participé aux projets pilotes fourmillent d'idées pour tirer avantage de l'identification électronique. Comme la constitution d'un lot d'animaux dans la stabulation ou devant la bétaillère avec un lecteur portable de boucles relié à leur PDA par Bluetooth. Il resterait à transmettre l'information à l'ordinateur puis à l'Arsoe. Ce qui n'est pas possible aujourd'hui. Une fois cette possibilité intégrée au logiciel de gestion du troupeau, il n'y aurait qu'une manipulation à faire pour renseigner les changements de parcelles des animaux du lot. C'est pareil pour l'échographie. Le Gaec de Guimbert utilise la monte naturelle et réalise des contrôles de gestation. Il faudrait renseigner sur l'ordinateur les vaches à contrôler. Puis, on peut imaginer le déclenchement d'une alerte sonore lorsqu'on passe le lecteur devant les animaux en question. Plus besoin de perdre du temps à lire chaque boucle avec à la main la liste des vaches à examiner. C'est pareil pour le contrôle laitier. Nous avons testé un système capable d'indiquer au compteur installé par le peseur le numéro d'identification national de la vache qu'il contrôle. C'est un boîtier relié, d'un côté, à l'ordinateur de l'exploitation et, de l'autre, au compteur. Ce dernier est équipé pour transmettre cette information et toutes celles concernant la traite de l'animal contrôlé à une puce RFID placée au fond du tube de prise d'échantillon. » |