« Faute d'herbe, les vaches suitées ont commencé à maigrir en juin, expliquent Gérard et Pascale Gasq, installés à Saint-Désiré, dans l'Allier. Nous n'avons récolté qu'un tiers de nos besoins en foin. Nous ne pouvions pas déjà entamer le stock.
C'est pourquoi nous avons sevré et vendu dix-neuf broutards au début de juillet, avec un mois d'avance par rapport aux années précédentes. Bien sûr, les animaux sont plus légers. À la vente, ils pèsent 315 kg, soit une cinquantaine de kilogrammes de moins qu'en 2010. Mais produire des kilos avec une alimentation achetée, et au détriment de l'état des mères, ne nous semble pas opportun. »
Pascale et Gérard conduisent 105 mères charolaises et leur suite sur 152 ha de SAU. Habitués aux conditions séchantes en été, ils regroupent 80 % des vêlages entre le 1er novembre et le 31 décembre pour vendre les broutards dès le mois d'août. Ils allègent ainsi le chargement au pâturage. Et ils profitent aussi de cours souvent plus favorables en début de campagne.
Mais cette année, les 55 ha de prairies fanés ont produit 98 t de foin au lieu des 300 t habituelles. Les 12 ha enrubannés n'ont fourni qu'un tiers des volumes par rapport à une année normale. Par ailleurs, les moissons ont été avancées d'un mois à cause de la maturité précoce des cultures. Les rendements des 14,5 ha de céréales sont réduits de moitié : 30 q/ha en orge et 37 q/ha en blé au lieu des 55 à 60 q/ha.
Ce déficit pousse le couple à décaler toutes ses ventes. « Les broutards restants partiront dès le début d'août, poursuit Gérard. Nous voulons préserver le plus possible l'état de nos vaches, ce qui n'est pas évident avec le régime à base de paille et de mélasse que nous distribuons depuis le début de juin. »
Paille et mélasse pour la ration hivernale
« Pour pallier le manque de fourrage, nous avons acheté 400 tonnes de paille et de la mélasse pour un coût global de 30.000 euros, ajoute Gérard. Ce prix comprend celui de la paille, son bottelage, la mélasse et le transport. Nous devrons aussi acheter environ 150 q de céréales. L'hiver, les vaches reçoivent habituellement deux fois par jour du foin, de l'enrubannage et de l'orge. Mais cette année, nous envisageons de donner du foin uniquement le matin. Le soir, nous distribuerons de la paille, de la mélasse et des céréales. »
La vente anticipée des broutards permettra de maintenir les vaches en meilleur état jusqu'à la fin de la saison de pâture. Des charolaises, vendues au début du printemps sur les conseils de leur coopérative, la Sicagieb, ont également allégé le chargement pour cet été. « Les cours étaient encore corrects à cette période », précise Gérard. Six vaches à engraisser se sont vendues en moyenne 915 euros par tête et deux génisses pleines 1 067 euros par tête. « Les prairies ont reverdi avec les pluies de fin juillet, note Gérard. Mais le déficit fourrager ne se comblera pas maintenant. »
Vente • Broutards mâles vendus en 2010 : de 350 à 400 kg à un prix moyen de 2,35 €/kg. • Broutards mâles vendus en 2011 : 315 kg à 2,48 €/kg. |
Un débouché en Roumanie « Nos dix-neuf broutards sont partis pour la Roumanie, explique Gérard Gasq. Notre coopérative, la Sicagieb, a obtenu un débouché en juillet pour les charolais légers. Le protocole sanitaire exige une vaccination contre la FCO réalisée au moins soixante jours avant la vente. Mais comme nous avions vacciné notre cheptel cet hiver, cela n'a posé aucun problème. » Ce nouveau marché a été très salutaire, car les engraisseurs français n'étaient pas demandeurs. Des broutards plus légers que ceux vendus traditionnellement en Italie ont également trouvé preneurs en Tunisie et au Maroc. |
Monique Roque-Marmeys (publié le 5 août 2011)