Travail du sol Dossier « J’ai conçu mon décompacteur pour réduire le labour »

Jean-Paul Lantelme est polyculteur-éleveur sur la commune de Varages, dans le Var. Face au problème de semelles de labour qu’il rencontrait, il s’est mis à utiliser un décompacteur. « L’outil m’intéressait mais ne me satisfaisait pas complètement. » Cette machine issue du commerce était composée de 3 dents espacées d’une cinquantaine de centimètres. Cela ne convenait pas à Jean-Paul, qui souhaitait un décompacteur capable de travailler le sol en surface. Bricoleur aguerri, il a fabriqué sa propre machine.

Une machine évolutive

Jean-Paul a commencé par l’ajout d’une dent supplémentaire. « C’était trop dur pour le tracteur, glisse l’agriculteur. J’ai donc décidé de les placer de manière décalée, comme les socs d’une charrue. » Il a fabriqué entièrement le châssis. Les quatre dents sont espacées d’une trentaine de centimètres dans la largeur et d’une cinquantaine dans la longueur pour éviter les bourrages.

Cette construction date de 2017, mais elle a continué à évoluer. « Au début, j’avais mis des socs de charrue vigneronne juste derrière chaque dent fissuratrice, explique Jean-Paul. Mais ils ne retournaient pas la terre, ils la poussaient. » Il a fini par enlever ces socs et les a remplacés cette année par une rangée de disques récupérés sur un déchaumeur. Le premier disque bouche la raie du passage précédent. « Le travail réalisé me convient. Je n’ai plus besoin de passer un autre outil avant le semis. Je compte désormais remplacer les disques pour en mettre de plus gros. »

Face à l’hétérogénéité des terres et des conditions dans lesquelles il est amené à travailler, l’éleveur peut modifier différents réglages. Deux manivelles gèrent la profondeur des disques. « Si je n’en avais eu qu’une, cela aurait été plus facile à régler, mais j’aurais perdu rigidité et robustesse. » La roue arrière gère, quant à elle, le terrage du décompacteur. Pour s’adapter aux pentes parfois raides de la région, Jean-Paul peut compter sur les chandelles du tracteur.

Moins de 1 000 euros

Avec ses 100 ch, ce dernier peut tirer le décompacteur à 6 km/h. « C’est plus rapide qu’avec la trisoc réversible, sourit Jean-Paul. Cet outil a surtout l’avantage de casser les anciennes semelles de labour, de ne pas en créer de nouvelles, et d’allonger les fenêtres d’intervention car il rentre plus facilement dans le sol qu’une charrue. » Jean-Paul ne laboure désormais que 5 à 6 ha par an, soit trois fois moins qu’auparavant.

Afin de fabriquer cet outil, il a déboursé moins de 1 000 € pour l'achat de la dent supplémentaire, de fers plats, de tubes, de barres et de peinture. Le reste est uniquement constitué de matériaux récupérés sur d’autres machines.

Cela constitue surtout un engin qui fait gagner du temps à Jean-Paul, tout en réduisant sa consommation de GNR et en améliorant l’état des sols grâce auxquels il nourrit ses trois cents brebis et leurs agneaux de Sisteron.